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Climat

Chaleur, sécheresse... L'été 2025 est-il celui de tous les dangers sur le front des incendies?

Un avion de lutte contre les incendies largue un produit retardant sur un incendie de forêt, près de Narbonne, le 8 juillet 2025 dans l'Aude

Un avion de lutte contre les incendies largue un produit retardant sur un incendie de forêt, près de Narbonne, le 8 juillet 2025 dans l'Aude - Matthieu RONDEL © 2019 AFP

Renforcées par le réchauffement climatique, la sécheresse des sols et les températures élevées risquent de favoriser la survenue des feux de forêts cet été. Ceux-ci ont d'ailleurs déjà commencé.

Un avant-goût de ce qui nous attend tout au long de cet été? Les feux de forêts ont déjà ravagé 2.000 hectares dans l'Aude et, dans les Bouches-de-Rhône, ont même atteint la ville de Marseille.

Si le déclenchement de ces feux peut avoir une origine humaine, ils ont été favorisés par une végétation desséchée par un fort déficit pluviométrique, une période de canicule prolongée et de fortes rafales de vent.

Ces conditions réunies risquent de provoquer d'autres incendies ailleurs sur le pourtour méditerranéen, après un mois de juin - le deuxième plus chaud dans les annales en France - marqué par une longue et précoce vague de chaleur, favorisant l'assèchement des sols et des plantes.

"De nombreuses herbacées desséchées"

"Les pluies de printemps ont permis le développement de nombreuses herbacées qui se sont desséchées suite au mois de juin très chaud et sec. Elles peuvent alimenter des départs de feu", indique Météo-France, qui précise que le risque d'incendie est "élevé" dans la région pour les prochains jours.

Par ailleurs, il n'a quasiment pas plu sur le littoral méditerranéen. Et à une échelle plus large, les précipitations ont été 30% inférieures à la moyenne sur l'ensemble du pays, selon Météo-France.

Concernant les ressources en eau, au niveau national, "dix-huit départements sont en situation de crise et 48 départements font l'objet de mesures de restriction", a affirmé lundi la ministre de la Transition écologique Pannier-Runacher.

Au 1er juillet, 39% des nappes phréatiques sont moins remplies que la moyenne habituelle à cette saison, contre 17% à la même date en 2024, a précisé le cabinet ministériel citant le bilan mensuel du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Une situation pas "exceptionnelle" mais malgré tout "inquiétante" selon le BRGM, surtout dans le Languedoc-Roussillon.

Au-delà des réserves souterraines, "les sols sont effectivement actuellement très secs" à cause du manque de pluies et les cours d'eau connaissent pour certains des débits plus faibles que la normale, avec des situations "parfois un petit peu compliquées" en raison des prélèvements pour l'irrigation par exemple, a déclaré Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM, lors d'un point presse.

Vers un été plus chaud et plus sec?

Pour les mois de juillet, août et septembre, le même cocktail chaleur/sécheresse est à prévoir. "En moyenne sur le trimestre, le scénario plus chaud que la normale (les normales de saisons sont calculées sur la période 1991-2020, NDLR) est le plus probable pour la France, et plus généralement pour l’Europe et le bassin méditerranéen", indique Météo-France sur son site.

Concernant les précipitations, le scénario "plus sec que la normale" est également "le plus probable de la France hexagonale vers l’Europe centrale".

L'augmentation du risque météorologique de feux de forêt est lié au réchauffement climatique, rappelle également Météo-France, car "des températures plus élevées favorisent l'évapotranspiration des plantes". "La végétation s'asséchant, elle devient plus sensible au développement des incendies", précise l'institut météorologique.

La hausse des températures entraîne également une évaporation plus intense, ce qui accroît le déficit en eau des sols et accentue les épisodes de sécheresse, notamment dans les régions méditerranéennes.

Par ailleurs, les hivers plus chauds favorisent les attaques de parasites qui provoquent "des dépérissements importants de certaines forêts et landes de buis". "Une fois morts, ces végétaux deviennent particulièrement vulnérables et constituent un stock de combustible disponible extrêmement important pour les incendies".

Pour Fanny Petitbon, de l'ONG environnementale 350.org, "les feux de forêt sont l'illustration la plus frappante du changement climatique et de ses impacts". "Ils sont aussi un carburant de la crise car en brûlant, les forêts réémettent dans l'atmosphère les gaz à effet de serre qu'elles ont absorbés - et donc contribuent à l'augmentation des températures", a-t-elle expliqué sur notre antenne.

François Blanchard