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Intempéries

"Le risque naturel le plus important": à Paris, un exercice de crise pour simuler une crue de la Seine ce lundi

La Tour Eiffel surplombe la Seine en crue à Paris le 26 janvier 2018

La Tour Eiffel surplombe la Seine en crue à Paris le 26 janvier 2018 - Photo par DENIS MEYER / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

La mairie de Paris organise ce lundi un exercice de crise simulant une crue majeure de la Seine, sur le modèle de celle qui a perturbé la capitale pendant des mois en 1910. L'un des objectifs est de développer la culture du risque des Parisiens.

Face à un risque bien réel, les Parisiens sont appelés à se préparer. La mairie de Paris organise ce lundi 13 octobre un exercice de crise visant à simuler les effets qu'aurait une crue majeure de la Seine. "Un exercice de crise en vrai, c’est le moyen de pouvoir se préparer à une inondation et il est essentiel d’y associer des Parisiens de tous les âges", a affirmé Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris chargée de la résilience, lors d'une conférence de presse présentant l'exercice début octobre.

Les dernières crues importantes à Paris ont eu lieu en 2016 et 2018. En 2016, le niveau de l'eau a atteint 6,10 m à l’échelle d’Austerlitz, qui sert de référence pour les niveaux de la Seine. Et en 2018, il a atteint 5,84 mètres. Ces crues ont causé plusieurs perturbations: de nombreuses évacuations, la fermeture de certaines lignes de transports, des coupures d'électricité...

Mais des crues bien plus importantes peuvent survenir à Paris. Il s'agit des crues centennales, la dernière datant de 1910, qui avait atteint 8,62 mètres sur l'échelle d'Austerlitz et perturbé la capitale pendant plusieurs mois.

Elle avait notamment entraîné un effondrement place de l'Opéra et un affaissement de la chaussée des Champs-Élysées, selon l'EPTB Seine Grands Lacs, un établissement public chargé de la politique de l'eau. "La crue est le risque naturel le plus important à Paris", a souligné Pénélope Komitès. Un risque amplifié par le réchauffement climatique, synonyme de pluies plus intenses, selon le Centre national de ressources pour l’adaptation au changement climatique. Impossible toutefois de prévoir la prochaine. D'où la nécessité de cet exercice de crise ce lundi.

Une soixantaine de Parisiens impliqués

Comme celui mené en 2023 pour préparer la ville aux chaleurs extrêmes, cet exercice consiste en un jeu de rôle en conditions presque réelles. Si les participants n'auront pas les pieds dans l'eau, ils seront mis en situation tout au long de la journée. Le scénario de départ est le suivant: le 13 mars 2026, trois mois après une montée des eaux de la Seine, la crue s'accélère, aggravée par un épisode orageux violent. Elle atteindra les niveaux de celle de 1910 en fin de journée.

Cette simulation grandeur nature aura lieu de 8h30 à 17h30, dans le 4e arrondissement. Elle mobilisera différents acteurs: la Croix-Rouge, la protection civile, les pompiers, et une soixantaine de Parisiens (des élèves de CM2, les habitants d'un immeuble, des commerçants...)

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L'exercice doit débuter par un point de situation dans la cellule de crise de la Ville de Paris, située dans une caserne du 4e arrondissement. Il se poursuivra par l'évacuation d'un immeuble. Les habitants vont être confrontés à plusieurs problématiques liées aux crues, a détaillé Pénélope Komitès: coupures d’électricité, rupture d’alimentation en eau potable, inondation des caves...

Sensibiliser la population

Ils seront ensuite dirigés vers un centre d'hébergement d'urgence. Ici, "plusieurs expériences immersives seront proposées pour jusqu’à six mois après la décrue", a expliqué Pénélope Komitès: constitution de kits d’urgence, retour chez soi, mobilisation des assurances, reprise d’une activité économique… "Des vidéos de journaux télévisés fictifs aideront les personnes à se projeter dans les conditions simulées", a précisé l'adjointe d'Anne Hidalgo.

Cet exercice a pour but de "développer la culture du risque" des Parisiens, a affirmé Pénélope Komitès. "Les réactions de la population en cas de crise sont extrêmement importantes, on l’a vu lors des inondations à Valence (en octobre 2024, NDLR) où les gens sont descendus dans les parkings alors qu’il ne fallait pas le faire", a-t-elle souligné.

Cette journée doit aussi permettre de tester sur le terrain les mesures prévues en cas d'inondation pour pouvoir les ajuster.

Du 13 au 17 octobre, la préfecture de Police organise également un exercice grandeur nature "Hydros 25", qui "simulera une crue importante de la Seine en Île-de-France afin de tester les dispositifs, l’évacuation des populations et la continuité de l’État, et ainsi mieux protéger les Franciliens".

Sophie Cazaux