Violences dans l'espace public: les femmes jeunes des grandes villes sont les plus ciblées

Une femme dans la rue à Paris le 16 janvier 2013 (photo d'illustration). - AFP PHOTO / LIONEL BONAVENTURE
En 2015, l'Ined (Institut national d'études démographiques) a réalisé une grande enquête sur les violences dans l'espace public. Un échantillon de 27.268 femmes et hommes âgés de 20 à 69 ans vivant en France métropolitaine ont été interrogés pour les besoins de l'étude. Les premiers résultats publiés ce jeudi sur le site de l'institut révèlent que ces violences touchent surtout les jeunes femmes des grandes villes. De quoi nourrir les réflexions sur le délit d'"outrage sexiste" que le gouvernement veut mettre en place afin de lutter contre le harcèlement de rue.
Parmi les femmes interrogées, une sur quatre (25%) déclare avoir subi au cours de l'année précédant l'enquête au moins un fait de violence, d'atteinte ou de harcèlement sexuel, ou un épisode de drague importune: le fait d'avoir été sifflée, interpellée ou abordée sans y avoir consenti. 8% déclarent avoir été la victime d'au moins un fait grave, relevant le plus souvent de violences physiques ou sexuelles. Chez les hommes, 14% déclarent au moins une violence, dont 5% font état d'au moins un fait qu'ils considèrent comme grave.
De la drague importune pour 20% des femmes
Dans le détail, 20% des femmes ont déclaré un tel épisode, 8% expliquent avoir été insultées, 3% disent avoir été suivies avec insistance, 2% avoir été victimes d'attouchements non voulus accompagnés parfois de baisers forcés, 1% de propositions sexuelles insistantes, tandis que 1% ont eu affaire à un exhibitionniste ou voyeur et 1% ont été frappées ou secouées brutalement.

Comme le relève l'étude, les épisodes de drague importune concernent en très grande majorité des femmes et sont le fait d'hommes en majorité également. 15% des femmes disent avoir subi ce phénomène, contre 2% des hommes.
"Les femmes sont particulièrement concernées par la drague importune, le harcèlement et les atteintes sexuelles et les violences sexuelles. Ces faits touchent plus d’une femme sur cinq dans l’ensemble de la population", peut-on lire dans les résultats de l'étude.
Les hommes plus enclins à se battre
"On estime ainsi à 3 millions en France le nombre de femmes âgées de 20 à 69 ans touchées par la drague importune dans les espaces publics chaque année. Plus d’un million de femmes subissent des situations de harcèlement et d’atteintes sexuels. Les hommes sont, dans une très large majorité, auteurs de ces faits".
Les hommes sont quant à eux le plus souvent insultés (6%), et 2,3% d’entre eux déclarent avoir subi un fait de violence physique au cours des douze derniers mois, et même 4,1% si l'on inclut les bagarres. L’étude estime que l’importance de ces violences physiques, qui incluent les bagarres, s’explique par le rôle genré attribué aux hommes. "Ils seraient ainsi plus enclins à entrer dans la confrontation physique ou tenus d’y avoir recours", explique l'étude.

Les jeunes plus touchés, les habitants des grandes villes également
Autre particularité soulignée par l'étude, ces violences interviennent le plus souvent dans les grandes villes: les habitants d'Ile-de-France sont les plus nombreux à en déclarer dans l'enquête, tandis que les habitants des zones rurales sont ceux qui en déclarent le moins.
Les plus jeunes sont en outre le plus souvent confrontés à des situations de violence dans l'espace public: 58% des femmes de 20 à 24 ans et 30% des hommes de cette tranche d'âge ont déclaré au moins un fait, et respectivement 21% et 10% au moins un fait grave. Entre 20 et 25 ans, plus de la moitié des femmes et près d'un tiers des hommes sont concernés par ces violences dans l'espace public.
