Violences faites aux femmes: une centaine de féministes demandent des moyens supplémentaires

Une pancarte lisant "700.000 personnes sur change.org demandent à Emmanuel Macron des mesures contre les violences sexuelles", le 24 novembre 2017 à Paris. - Alain Jocard - AFP
Une centaine de féministes, femmes et hommes, exhortent le gouvernement à "revoir sa copie" concernant la lutte contre les violences faites aux femmes, demandant notamment davantage de moyens financiers, ce samedi dans une tribune publiée par le Monde.
Les signataires rappellent dans ce texte, intitulé "Vous avez dit grande cause nationale?", que le président Emmanuel Macron a décrété l'égalité entre les femmes et les hommes "grande cause du quinquennat" et a annoncé un plan d'action pour lutter contre les violence sexistes et sexuelles, il y a une semaine dans un discours à l'Elysée.
"Le compte n'y est pas"
Mais "le compte n'y est pas, face à l'ampleur des violences sexistes et sexuelles", écrivent les signataires de la tribune.
Le discours du chef de l'Etat "se voulait symboliquement fort et promeut plusieurs mesures nouvelles", sauf qu'elles "ne sont accompagnées d'aucun financement supplémentaire", écrivent les signataires, parmi lesquelles des militantes comme Caroline De Haas, des syndicalistes comme le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez et Bernadette Groison (FSU), la philosophe Geneviève Fraisse ou encore l'historienne Christine Bard.
Alors que l'Elysée a annoncé la semaine dernière que les crédits interministériels consacrés à l'égalité femmes-hommes passeront à 420 millions d'euros en 2018, contre 397 millions en 2017, les signataires affirment que "seuls 15% de ces crédits sont consacrés à la lutte contre les violences".
"Ajoutons que les 20 millions supplémentaires reprennent des actions qui sont déjà effectuées, qui seront désormais labellisées égalité femmes-hommes", critique le texte.
Une norme doit être examinée au niveau international
Pour la lutte contre les violences, "nous demandons une augmentation budgétaire au moins équivalente à ce que l'Espagne a débloqué - à savoir un milliard d'euros sur cinq ans - associé à une loi-cadre", ajoutent-ils.
Concernant les violences faites aux femmes sur leur lieu de travail, les signataires regrettent qu'Emmanuel Macron n'ait "pas dit un mot samedi" d'une norme qui doit être examinée en juin prochain par l'Organisation internationale du Travail (OIT), pour mieux lutter contre les violences sexistes et sexuelles.
"25 % des agressions sexuelles ont lieu au travail, où les rapports de domination se cumulent avec le lien de subordination et le risque de perdre son emploi pour les victimes qui auraient le courage de briser le silence", souligne la tribune.
Les signataires rappellent que "le contenu et la portée de cette norme dépendront de la position des Etats".
"Nous exhortons le gouvernement à revoir sa copie et à prendre en compte, sans anathème, chantage ou pression sur aucune d'entre nous, les critiques des féministes", écrivent-ils.