Une sur Taubira: le patron de "Minute" se défend de tout racisme

La une de "Minute" comparant Christiane Taubira à un singe, le 12 novembre 2013 - -
Christiane Taubira, comparée à un singe en une de Minute? Un simple trait d'humour selon le patron de l'hebdomadaire d'extrême droite, dont la une a suscité une levée de boucliers de la part de l'ensemble de la classe politique. Réagissant mercredi soir aux indignations venues de droite comme de gauche, Jean-Marie Molitor, patron de Minutes, invoque "un comique bien français.
"Nous ne sommes pas du tout racistes, cette Une est de mauvais goût mais c'est de la satire, ce n'est pas un délit", a-t-il déclaré à l'AFP, après le tollé suscité par sa une.
"Nous assumons cette une, il n'y a rien à regretter. C'est un jeu de mot horrible, du mauvais goût à l'état pur. Mais c'est un comique bien français, on dit bien malin comme un singe", a-t-il poursuivi.
L'indignation des politiques? "Une hystérie collective"
"Tous ces réactions des politiques sont un nuage de fumée. Cette montée au créneau de Jean-Marc Ayrault, du ministre de l'Intérieur... Cette hystérie collective me dépasse mais c'est une jolie publicité pour nous", s'est-il félicité. Une publicité qui pourrait prendre une tournure judiciaire puisque Jean-Marc Ayrault a annoncé mardi soir avoir saisi la justice et que le gouvernement souhaiterait l'interdiction de ce numéro particulier de Minute.
Un peu plus tôt mercredi, Jean-Marc Ayrault a renouvelé devant l'Assemblée nationale son soutien à sa ministre épinglée avant de lancer: "Quand on s'attaque à elle (...) c'est la République que l'on abîme".
"Minute" invoque "Charlie Hebdo"
"Il n'y avait rien de méchant dans l'article contre Mme Taubira, qui, intelligente, a compris que cela ne méritait pas" de faire un procès, a-t-il jugé. "On ne peut plus rien dire sans être taxé de racisme. Cette une n'est pas raciste. Quand on voit la ceinture de bananes de Joséphine Baker, personne ne dit que c'est raciste. Et personne ne bouge sur les Unes de certains confrères, comme quand le Pape est croqué par Charlie Hebdo, mais c'est aussi parce que ce ne sont pas les mêmes qui sont visés", a-t-il affirmé.
Habitué de la provocation populiste, Minute surfe aussi sur les contestations anti-gouvernementales: sur son compte Twitter, l'hebdomadaire a choisi comme image-portrait le bonnet rouge des manifestants bretons, accolé à sa Une sur Christiane Taubira. Mardi, un des tweets du journal proposait, en énième provocation: "L'offre bonnet rouge cartonne! La semaine prochaine: un abonnement acheté, une banane offerte!".