Une semaine après l'incendie à Rouen, quelles sont les opérations en cours sur le site de Lubrizol?

L'usine Lubrizol de Rouen en cendres après l'incendie, le 27 septembre dernier. - LOU BENOIST / AFP
Une semaine après l'incendie de l'usine Lubrizol, survenu dans la nuit du mercredi 25 au jeudi 26 septembre à Rouen (Seine-Maritime), de vastes opérations de pompage se déroulent sur le site classé Seveso, seuil haut. 5253 tonnes de produits chimiques sont parties en fumée au cours du sinistre.
"Le travail n'est pas terminé, j'insiste, il va durer plusieurs semaines vraisemblablement. Mais nous avons maintenant, je dirais, un plan d'attaque qui est parfaitement en place", a indiqué le préfet de la région Normandie Pierre-André Durand, jeudi au cours d'un point de situation sur les opérations de stabilisation du site.
Des "pompages massifs" sont en cours et "auront permis en fin de semaine de résorber totalement ce qu'on appelle la petite nappe" située à proximité du hangar des fûts, la priorité des autorités.
"Le travail se poursuivra la semaine prochaine pour terminer la grande nappe", a poursuivi le préfet. "Là, le travail est plus long - il est déjà engagé - puisqu'il y a davantage de matière", a-t-il souligné.
Sur son site internet, la préfecture indique que "la réduction des fortes odeurs qui émanent toujours du site, ainsi que la sécurité sanitaire de la population, sont la priorité d'action des pouvoirs publics", et que 15 hydrocureurs - des engins utilisés pour l'assainissement - sont employés pour résorber la nappe de boue "issue de l'extinction de l'incendie. Cette nappe devrait être supprimée en fin de semaine".
Éliminer l'odeur et enlever les fûts
Pierre-André Durand a également détaillé le fait que des brumisateurs avaient en parallèle été installés "pour accompagner ces opérations (d'assainissement) et limiter le plus possible les problématiques d'odeurs", faisant valoir "des résultats très significatifs sur Rouen" et un progrès "très précieux, tant ces odeurs étaient incommodantes, dérangeantes et j'ajoute anxiogènes".
Un chantier d'enlèvement des fûts est également mis en place. "L'exploitant a confirmé l'enlèvement des fûts vides ce jour", a déclaré le préfet jeudi, ajoutant que "la semaine prochaine, l'équipement provisoire de confinement sera installé pour amorcer l'élimination des fûts pleins" endommagés par les flammes.
"160 (fûts) sont endommagés et doivent être traités, évacués selon des processus très méticuleux, très précis, d'autant plus qu'ils contiennent une molécule, une matière qui produit cette odeur si déplaisante que l'agglomération a connu en 2013", a poursuivi Pierre-André Durand, faisant référence à une fuite de mercaptan, un gaz nauséabond, survenu cette année-là sur ce même site.
Selon le préfet, "les choses sont clairement positionnées, les travaux avancent à un bon rythme et nous espérons évidemment qu'en fin de semaine prochaine, l'apparence générale aura très considérablement changé".
Analyses et surveillance
Pour l'heure, les opérations de surveillance confirment "l'absence de pollution visible" sur la Seine.
"À ce jour, le pompage a permis de récupérer 90m3 de polluants en surface de la nappe", a déclaré le préfet.
Des prélèvements concernant l'amiante ont également été effectués, indique le site de la préfecture de Seine-Maritime, faisant état de "concentrations en fibres inférieures à trois fibres par litre d'air. La recherche d'amiante dans les bâtiments s'effectue dans le cadre d'une réglementation fixant le seuil à cinq fibres par litre d'air". D'autres prélèvements, dans un rayon de 800 mètres, sont engagés "par précaution".
Les autorités se sont également voulues rassurantes quant aux risques liés à l'éventuelle présence de dioxines, notamment pour les femmes allaitantes. Toutefois, "il est probable que l'incendie ait conduit à l'émission de dioxines comme beaucoup d'incendies de bâtiments", à cause de la combustion de câbles électriques et plastiques, d'après le site de la préfecture.
Selon le professeur Loïc Marpeau, gynécologue-obstétricien au CHU de Rouen, qui était présent à la conférence de presse donnée jeudi par le préfet, la contamination aux dioxines est "alimentaire" et non "par inhalation". Et il serait, selon lui, "plus risqué d'arrêter d'allaiter" pour les femmes concernées, même si le "risque (de contamination) est tout à fait négligeable".