Un octogénaire se donne la mort après avoir tué son épouse malade

Le couple est mort à l’hôpital de Boulogne-Billancourt, après une première tentative 15 jours plus tôt. - BFMTV
Un octogénaire s'est donné la mort dimanche matin dans un hôpital de Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine, après avoir tué d'une balle son épouse hospitalisée pour un cancer incurable, a-t-on appris auprès de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
Selon les premiers éléments de l'enquête, l'homme, âgé de 84 ans, aurait apporté une arme à feu dans la chambre de l'établissement qu'il a retournée contre lui après avoir tué sa femme de 82 ans, probablement dans son sommeil.
Aucune lettre laissée
"Le personnel soignant a entendu vers 11h30 du bruit et a découvert les deux corps inanimés", a expliqué le professeur Laurent Teillet, chef du service gériatrie de l'hôpital Ambroise-Paré. Aucune lettre n'a été découverte pour expliquer ce geste, mais le couple semblait déterminé à en finir.
Les époux, mariés depuis de nombreuses années, avaient déjà tenté de se suicider il y a deux semaines, en absorbant des médicaments et avaient été hospitalisés à Ambroise-Paré. Le mari était rentré chez lui depuis quelques jours, tandis que sa femme était restée à l'hôpital en soins palliatifs.
9 Français sur 10 favorables à l'euthanasie
Alors que 9 Français sur 10 se déclarent favorables à l'euthanasie, plusieurs drames ont récemment ramené le débat au premier plan. Il y a tout juste un an, dans la nuit du 21 au 22 novembre 2013, un couple d'octogénaires s'était donné la mort dans un grand hôtel parisien. Surnommés "les amants du Lutetia", les époux, âgés de 86 ans, avaient mis fin à leurs jours en dénonçant dans une lettre l'absence de loi permettant de mourir sereinement, un geste qui avait ravivé le débat sur le droit à mourir dans la dignité.
Autre cas récent, le 12 novembre 2012, un homme âgé de 94 ans avait tué sa femme grabataire à coups de marteau avant de se suicider en se jetant par la fenêtre de sa maison à Migné-Auxances, dans la Vienne, près de Poitiers. Un "drame de vieillesse", avait commenté le parquet.
La loi Leonetti sur l'euthanasie bientôt modifiée?
Emblématique du débat sur la fin de vie, l'affaire Vincent Lambert, en coma profond depuis un accident de la route en 2008: le Conseil d'Etat s'est prononcé pour l'arrêt des soins sur le tétraplégique de 38 ans, contre l'avis des parents.
En janvier 2014, la ministre de la Santé Marisol Touraine déclarait au micro de Jean-Jacques Bourdin qu'une loi sur la fin de vie serait annoncée "avant la fin de l'année". La loi Leonetti relative aux droits des malades et à la fin de vie, adoptée et promulguée en avril 2005, a pour but d'éviter les pratiques d'euthanasie mais d'empêcher également l'acharnement thérapeutique.
"Comme on ne peut pas, quand on n'en peut plus de ces souffrances, demander à avoir une euthanasie ou un suicide assisté, eh bien les gens se suicident de façon extrêmement violente", avance Jean-Luc Romero, président de l'association pour le droit à mourir dans la dignité, l'ADMD. "On ne peut plus laisser les gens dans le désarroi. Aujourd'hui, il faut une loi qui place d'abord la volonté du patient au centre".
Le député UMP Jean Leonetti, rapporteur de la loi du même nom, souligne le fait que la loi de 2005, s'est appliquée "à 25.000 cas" en "neuf ans". Pour lui, elle reste "peu contestée" même s'il évoque "trois aspects à travailler": le développement des soins palliatifs, la généralisation du recours aux "directives anticipées" et l'acceptation d'une "diminution de la durée de vie".