Six migrants condamnés à un mois ferme après s'être introduits à bord d'un ferry

Capture d'écran d'une video de Taranis News en date du 24 janvier 2016, de migrants défonçant une clôture pour monter sur un ferry à Calais. - Taranis News - AFP
A l'annonce du délibéré, des cris "Solidarité avec les réfugiés!" ont éclaté dans la salle d'audience. Six migrants, de nationalité afghane, soudanaise et syrienne, ont été condamnés à un mois de prison ferme après s'être introduits illégalement à bord d'un ferry amarré au port de Calais, en marge d'une manifestation de soutien aux migrants, un jugement conforme aux réquisitions du procureur de Boulogne-sur-Mer.
Deux autres Français, sympathisants des migrants mais qui ont refusé de se voir qualifiés de "No Border", ont été condamnés à 300 euros d'amende avec sursis pour l'un et 300 euros d'amende dont 150 avec sursis pour l'autre, "pour aide au passager clandestin".
Il y a eu préméditation, selon l'avocat général
Selon le ministère public, se basant notamment sur le PV d'un mineur interpellé, il y a bien eu un "complot" ourdi dans la "jungle" pour envahir le port et monter dans le ferry afin de rallier l'Angleterre. Les six migrants, quatre Afghans, un Syrien et un Soudanais, âgés d'une trentaine d'années, ont expliqué à la barre avoir suivi le mouvement, étant certains que le bateau ne partirait pas.
Les deux Français, qui ont refusé d'être qualifiés de "No Borders", association altermondialiste, se sont eux présentés comme des sympathisants de la cause des migrants, l'un vivant dans la "jungle" "pour se sentir utile", l'autre s'occupant d'améliorer le quotidien des clandestins au camp de Grande-Synthe (Nord), près de Dunkerque.
Les avocats de la défense ont eux refusé toute préméditation dans l'envahissement du ferry de la compagnie P and O assurant la liaison entre Calais et Douvres, les deux premiers ports européens pour le trafic passagers. "Vous pouvez les relaxer, car ils sont innocents, ils n'étaient pas dissimulés. Ils ont suivi le mouvement", a estimé Me Emilie Leschaeve, rejetant les demandes des parties civiles - P&O, la SEPD (société d'exploitation des ports du détroit) - qui réclamaient des compensations en raison de "préjudices".
Le port de Calais bloqué pendant trois heures
A l'origine, l'incident avait conduit au blocage du port trois heures durant le 23 janvier lors d'une manifestation de migrants, de militants et de sympathisants venus de plusieurs pays européens. Vers 17 heures, ce jour-là, un groupe de 500 personnes avait forcé le barrage de CRS en direction du port et 150 personnes avaient pu s'introduire dans l'enceinte.
Sur ceux-ci, un groupe d'une cinquantaine de personnes avait pu monter sur un ferry, le "Spirit of Britain", affrété par la compagnie britannique P&O. "Il revenait de Douvres et plus aucun passager n'était sur place. Il ne restait plus que quelques poids lourds", selon P&O. Les migrants avaient été évacués par la police vers 20h30.
Les manifestants réclamaient l'ouverture de la frontière avec le Royaume-Uni où ils espèrent couler des jours meilleurs et échapper aux conditions précaires de la "jungle", camp situé à l'est de Calais, où vivent encore aujourd'hui 3.700 réfugiés selon la préfecture. Quelque 2.000 personnes avaient défilé dans les rues de la cité portuaire, faisant écho à une manifestation d'importance similaire mi-septembre, à laquelle plusieurs ONG internationales avaient participé.