Mulhouse: des écoliers sont-ils vraiment en retard à cause de la prière?

Des dessins d'enfants dans une école de Mulhouse, dans le Haut-Rhin. (photo d'illustration) - Jeff Pachoud - AFP
"Le maire de Mulhouse me dit que, dans sa ville, des dizaines d'enfants arrivent tous les jours en retard à l'école parce qu'ils sont à la prière". La phrase est prononcée par la numéro deux de l'UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, lundi matin, sur BFMTV.
Des propos qui sous-entendent que des enfants sont menacés de tomber dans l'islam radical dans cette ville alsacienne, et suscitent le doute sur place, en plus d'avoir été critiqués à l'intérieur même du gouvernement et au sein de l'opposition.
Le maire de Mulhouse confirme
Le maire UMP de Mulhouse, Jean Rottner, s'est dit, lundi, préoccupé par le fait que certains parents amènent leurs enfants en retard à l'école le matin pour respecter les horaires de prières, confirmant ainsi les propos lui ayant été prêtés par NKM. Mais sa version des faits semble toutefois moins alarmiste.
"Il y a effectivement des retards qui sont causés, pour quelques enfants, par des parents qui font le choix d'aller d'abord à la prière et d'emmener ensuite leur enfant à l'école", a-t-il ainsi expliqué au micro de BFMTV.
Interrogé par l'AFP sur le nombre de cas de ce type qui lui sont rapportés, Jean Rottner n'a pas souhaité donner de chiffres. "La question, ce n'est pas combien d'enfants, combien d'écoles, la question c'est: les règles de la République sont-elles respectées?", a-t-il estimé.
Doutes dans la ville
Sur place, dans la ville alsacienne, ces déclarations ne sont pas confirmées. Interrogés, les représentants des parents d’élèves disent ne jamais avoir eu vent de tels cas dans une école de Mulhouse. Même étonnement du côté de la communauté musulmane.
"C'est faux, pour la simple et bonne raison que la prière est fixée à 7 heures moins le quart ici à Mulhouse, et l'école est à 8 heures", explique au micro de BFMTV Zaoui Mafoudi, président de l'Association des musulmans d'Alsace.
Critiques au sein du gouvernement
Des approximations qui ont également fait réagir dans les rangs du gouvernement. "Les faits qui ont été racontés ne sont pas exacts", a insisté la secrétaire d'Etat chargée de la Famille, des Personnes âgées et de l'Autonomie, Laurence Rossignol. "Les sentiments que cela provoque sont des sentiments toxiques. Dans ces sujets là, il ne faut surtout pas se lancer dans des extrapolations, des histoires, des 'on m'a raconté que'".
Au sein de l'UMP, les propos tenus par NKM semblent aussi diviser. Invitée de Ruth Elkrief lundi soir sur BFMTV, la maire du VIIe arrondissement de Paris, Rachida Dati, a ainsi demandé à sa collègue de préciser ses propos.