Démission du cardinal Barbarin: l'Eglise de France touchée à la tête

Le cardinal Philippe Barbarin en avril 2016 à Lyon. - JEFF PACHOUD / AFP
L'archevêque de Lyon est par sa fonction titulaire d'un autre titre: celui de primat des Gaules. Par conséquent, la tentation est grande de voir dans la démission imminente du cardinal Philippe Barbarin, dans la foulée de sa condamnation à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation des actes pédophiles de Bernard Preynat, la décapitation de l'Eglise de France.
Le primat des Gaules, un leadership symbolique
"Prélat ayant la prééminence sur plusieurs archevêchés et évêchés. L’archevêque le Lyon est le primat des Gaules", note l'Eglise catholique de France sur sa page officielle avant d'ajouter au sujet de ce dernier cependant que le titre est "aujourd'hui honorifique". A l'origine, cette fonction conférait une juridiction sur plusieurs provinces ecclésiastiques.
C'est l'ancienneté de l'Eglise lyonnaise qui explique que l'archevêque de Lyon soit érigé en primat des Gaules en 1079 par une bulle pontificale. On peut retracer l'existence de l'Eglise de Lyon jusqu'au cœur du IIe siècle en effet. Le père de l'Eglise, et grand artisan du canon du Nouveau Testament, Irénée de Lyon, en a été le deuxième évêque, ce qui a aussi contribué à construire un magistère intellectuel à la cité rhodanienne dans le monde catholique.
Le mastodonte parisien et la Conférence des évêques de France
Pour autant, cette prééminence n'est plus que symbolique. Il faut donc bien qu'un autre prélat, ou une autre instance ecclésiale, exerce la réalité du pouvoir dans l'Eglise de France, pour relayer l'autorité vaticane. S'agit-il de l'archevêché de Paris de monseigneur Michel Aupetit? Très visible médiatiquement, l'archidiocèse parisien est aussi numériquement le mastodonte du clergé français. Il dispose en effet de 504 prêtres incardinés, et 477 en activité, surpassant les 304 curés incardinés lyonnais et 343 en activité, et l'institution francilienne couvre un territoire peuplé de plus de 22 millions de personnes.
Pour autant, il faut encore regarder ailleurs pour trouver le premier personnage du clergé français. Celui-ci est en fait constitué en Conférence des évêques de France. Fort de 120 membres, la conférence rassemble tous les évêques, archevêques et cardinaux français, ainsi que les évêques rattachés aux églises arménienne, ukrainienne et maronite. L'institution a la charge des affaires de l'Eglise de France et peut intervenir dans les questions de société. A ce jour, c'est monseigneur Georges Pontier, archevêque de Marseille, qui en est le président.