Réforme territoriale: la Normandie soudée s'unit aussi contre la SNCF

Les présidents des conseils régionaux de Basse et de Haute-Normandie dénoncent les retards à répétition sur la ligne SNCF rejoignant Paris. - Mychele Daniau - AFP
Retards importants et récurrents, toilettes fermées, vandalisme, fraude, voyageurs ulcérés refusant d'être contrôlés: rien ne va plus dans les trains entre Paris et la Normandie, une région tout juste réunifiée par la loi mais unie depuis longtemps... dans ses critiques contre la SNCF.
Trop c'est trop, viennent d'affirmer solennellement les présidents socialistes de Haute et de Basse-Normandie, Nicolas Mayer-Rossignol et Laurent Beauvais, en envoyant une lettre commune au PDG de la SNCF, Guillaume Pépy.
Des élus victimes des retards
"Les retards à répétition ne sont plus acceptables (...) Si cette situation perdure certains usagers risquent de perdre leur emploi (...) Nous-mêmes utilisateurs réguliers du train sur ces axes, nous ne pouvons que confirmer ces difficultés", écrivent les deux élus, traduisant un mécontentement général déjà ancien et qui ne cesse de croître.
En phase avec les problèmes quotidiens des voyageurs en direction de la capitale, les élus n'ont d'ailleurs guère d'autre choix que de prendre le train, sauf à perdre beaucoup de temps en voiture, dans les embouteillages aux portes de Paris. "Je prends le Rouen-Paris de 6h26 pour avoir de la marge mais il y a des retards réguliers, des déficits d'information", témoigne le président de Haute-Normandie. "Les matériels sont anciens, mal entretenus, de nombreux voyageurs n'ont pas de places assises, il y a des problèmes de disponibilité des conducteurs", renchérit son homologue de Basse-Normandie.
Grève de présentation de titres de transport
En 2008, pour faire bouger les choses, Ahmed-Rad Abdillahi Ali, un gestionnaire de produits d'assurances habitant aux alentours de Caen, a fondé une association, l'Union des usagers du train Paris-Caen-Cherbourg (UDUPC). Il raconte que chaque matin il doit se lever à "4h45" pour arriver à Paris à "8h18". Dans les faits, il arrive "souvent en retard" à son bureau, ce qui l'oblige à rentrer chez lui le soir "pas avant 20h45".
Son association, sous l'impulsion de sa nouvelle présidente, Frédérique Lacour, cadre de santé, organise depuis mi-novembre une grève symbolique de présentation des titres de transport aux contrôleurs. "Pour nous le train c'est notre outil de travail", explique la présidente de l'UDUPC.
20 minutes de pause pour aller aux toilettes
Aux retards et à l'inconfort s'ajoutent incivilités et fraudes. Et il y a la question des toilettes. Souvent sales, elles sont parfois carrément fermées.Tout récemment, un train de la ligne Le Havre-Rouen-Paris a fait un arrêt présenté comme "technique" à Mantes, pendant vingt minutes... pour permettre aux voyageurs d'aller soulager leur vessie. Les toilettes ne pouvant être vidangées qu'à Paris, elles étaient pleines et avaient donc été fermées. Depuis, un centre d'avitaillement est en cours d'aménagement à Sotteville-lès-Rouen.
Un projet de liaison rapide, la Ligne Nouvelle Paris-Normandie (LNPN) desservant Rouen, Le Havre et Caen est censée soulager le trafic, mais pas avant au moins dix ans. Dans l'intervalle, la SNCF doit améliorer d'urgence l'ordinaire, estiment élus et associations. Guillaume Pepy aurait dit publiquement que la SNCF avait une dette envers la Normandie. Sa "réponse est en cours", se borne à indiquer la direction régionale.