100 mètres de câbles volés, des heures de retard: comment la SNCF lutte (avec des drones notamment) contre ces vols qui ont des conséquences de plus en plus lourdes sur le trafic

Hier exceptionnels, les vols de câbles de cuivre le long des voies de la SNCF deviennent aujourd'hui récurrents. Ce vendredi 12 septembre, près de 100 mètres de câbles sont arrachés aux abords de la gare du Creusot-Montchanin, en Saône-et-Loire, provoquant d'importants retards sur la ligne à grande vitesse vers le sud-est. Fin août, c'est la ligne TGV entre Paris et Lyon qui est fortement perturbée après un larcin du même type, et ce ne sont que les deux derniers exemples.
Il faut dire que que ces vols sont désormais réalisés par des équipes très organisées qui savent très bien où aller, comment procéder et comment vendre le cuivre à travers des filières mafieuses. Avec un prix à la tonne qui dépasse désormais les 10.000 euros, le cuivre attise les convoitises. Or, ces câbles sont présents tout le long des 28.000 kilomètres de voies de la SNCF.
Un fléau
Selon les chiffres de SNCF Réseau, chaque année, environ 1.000 vols ou tentatives de vols sont recensés. Ce n'est d'ailleurs pas une exception française, pas moins de 300 vols de ce type ont été comptabilisés en Espagne l'an passé.
Pour le gestionnaire, le coût de ces vols est estimé à 20 à 30 millions d’euros par an, ce qui est loin d'être négligeable, d'autant plus que ces vols ne sont pas assurés, selon nos informations.
Pourquoi les conséquences pour les voyageurs sont-elles importantes?
Ces câbles sont utilisés pour faire fonctionner la signalisation du réseau, un point hautement critique. A l'image des feux de circulation, la signalisation permet de gérer la circulation des trains et surtout s'assurer qu'il y a toujours un seul train dans un "canton" c'est à dire une zone donnée qui se trouve entre deux feux afin d'éviter toute collision. Sans signalisation, impossible de faire circuler les trains à grande vitesse, il faut alors les faire passer par des itinéraires alternatifs, d'où d'importants retards.
"Le nombre d’actes de malveillance visant l’infrastructure et son exploitation reste contenu (+5 à 10%), mais ils évoluent vers des faits de haute intensité. Le montant des préjudices et les impacts sur la régularité continuent d’augmenter: depuis 2021, on comptabilise un triplement des préjudices liés aux vols, +27% de minutes perdues par les circulations, des trains annulés…", explique SNCF Réseau dans un rapport
Les conséquences sont amplifiées avec la densification des circulations: avec la concurrence, il y a plus de trains qui circulent sur une ligne donnée (notamment Paris-Lyon-Marseille), en cas d'incident, il y a donc plus de trains ralentis donc plus de passagers touchés.
Dans le même temps, les équipes de SNCF Réseau sont de mieux en mieux rodées. "Nos agents de maintenance, câbliers et télécoms, se mobilisent à chaque fois pour réparer les installations souvent dans des temps records quelle que soit la météo. Leur seul objectif: reprendre les circulations au plus vite, pour toutes les entreprises ferroviaires et les voyageurs", explique le gestionnaire.
Que fait la SNCF pour protéger son réseau?
C'est une mission quasi-impossible tant le réseau est vaste (28.000 kilomètres), un réseau qui ne peut pas être surveillé ou clôturé de bout en bout.
Néanmoins, le gestionnaire déploie aujourd'hui un arsenal de plus en plus large qui couvre la prévention, la surveillance et la répression en collaboration avec la Sûreté Ferroviaire, les autorités et les forces de l’ordre.
SNCF Réseau met donc en place:
- la surveillence du réseau dans le cadre des tournées des agents de maintenance
- la présence d’agents de sécurité sur des lieux stratégiques
- des tournées préventives, à proximité des lieux de stockage sur les emprises SNCF, réalisées quotidiennement par les agents de la Sureté Ferroviaire
- le recours à des alarmes fixes ou mobiles pour surveiller les sections les plus exposées, en collaboration avec les forces de l’ordre
- le survol des emprises ferroviaires par des drones

La vraie solution serait finalement de déposer les câbles en cuivre pour les remplacer par des câbles en fibre optique qui n'ont aucune valeur en tant que tels. Mais il s'agit là d'un chantier titanesque et très coûteux. Or, SNCF Réseau manque déjà d'argent pour maintenir en vie le réseau ferroviaire et son budget est quasiment totalement orienté vers la régénération des voies.