Rats, cafards à la prison de Fresnes: l'Etat attaqué en justice

La prison de Fresnes est la deuxième prison la plus peuplée de France. - Fred Dufour - AFP
Les rats qui grouillent et les punaises qui mordent le visage font partie du quotidien particulièrement éprouvant des détenus à la prison de Fresnes (Val-de-Marne). D'après une information de France Inter, l'observatoire internationale des prison (OIP) a attaqué l'Etat en urgence devant le juge des référés. Cette procédure permet à un juge administratif de concéder des mesures rapides pour sauvegarder les libertés des administrés, sans pour autant juger le fond de l'affaire.
L'OIP dénonce des conditions de vie inhumaines qui entraînent des maladies - deux détenus ont été contaminés par la leptospirose - et des privations de sommeil liées au bruit incessant des rats. L'association a recueilli les témoignages de nombreux détenus qui attestent peu ou prou des mêmes conditions de vie.
"Nous sommes infestés par les punaises, piqués chaque nuit au visage, dans le cou, les épaules, le dos, les jambes et les bras", décrivait un détendu le 19 juillet dernier, ajoutant que l'établissement pénitentiaire des lieux avait procédé à une désinfection des lieux, sans que cela ne soit efficace.
Des rats grouillent, de jour comme de nuit
Me Maud Schlaffman-Amprino, avocat de détenus incarcérés à Fresnes, confirme les invasions quotidiennes de rongeurs et d'insectes au sein des cellules, des couloirs ou des aires de promenades. Ces nuisibles grouillent de jour comme de nuit, lumière allumée comme éteinte, et se faufilent dans les affaires des détenus, voire rampent directement sur leur corps. Une situation "attentatoire à la dignité humaine", selon l'OIP.
Quelle est l'origine de ces proliférations de nuisibles, potentiellement dangereux pour la santé des détenus et du personnel? Selon l'agence régionale de santé, alertée par les deux cas de leptospirose, les détenus en sont les principaux responsables car ils jettent leurs sacs de détritus par la fenêtre de leur cellule.
"J'ai rencontré un monsieur l'autre jour qui m'a dit qu'on ne venait jamais récupérer son sac poubelle", justifie Me Maud Schlaffman-Amprino, avocate de détenus incarcérés à Fresnes, interrogée par la radio publique. "Quand cela fait une semaine que vous avez des détritus qui s'accumulent dans 9 m2, partagés à deux ou à trois, ce n'est plus possible, alors la solution c'est : on jette par la fenêtre."
La prison de Fresnes est le deuxième plus grand centre pénitentiaire de France, avec 2.800 détenus et une surpopulation carcérale de 200%. La moyenne des prisons française est de 117%, l'une des plus élevées d'Europe. L'établissement avait indiqué en juillet avoir pris des mesures pour rétablir des mesures d'hygiène convenables (nettoyage quotidien des couloirs, ramassages des poubelles...). Malgré la lettre ouverte publiée cet été par le syndicat Force ouvrière (FO) pénitentiaire, la situation ne semble pas avoir évolué dans le bon sens.