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Société

Plus de 300 étudiants de l'Université de Lorraine se déclarent victimes de harcèlement sexuel

Plus de 2 000 étudiants ont rempli le questionnaire sur la perception des	discriminations et des	violences sexuelles jusqu'au bout. (Photo d'illustration)

Plus de 2 000 étudiants ont rempli le questionnaire sur la perception des discriminations et des violences sexuelles jusqu'au bout. (Photo d'illustration) - Frédérick Florin - AFP

Sur les 2 267 questionnaires sur la perception des discriminations et violences sexuelles récoltés par l'université, plus de 400 étudiants affirment avoir été victimes des secondes.

376 victimes de harcèlement sexuel. C’est le constat que dresse l’Université de Lorraine d’après les réponses à un questionnaire adressé à ses étudiants en janvier et février 2017, et dont les résultats ont été présentés lundi 4 décembre à un colloque où était présente la ministre de l’Enseignement supérieur.

Sur les plus de 22.000 étudiants, près de 4 000 questionnaires ont été remplis et 2 267 l’ont été jusqu’au bout, composant un échantillon constitué en majorité de femmes (62%), pour une moyenne d’âge de 21 ans et six mois.

Ainsi, plus de 370 étudiants déclarent avoir déjà subi des faits de harcèlement sexuel. Une grande majorité des victimes sont des femmes, même si la proportion est difficile à établir par rapport au total d’étudiants car elles sont beaucoup plus à avoir répondu au questionnaire.

90 étudiants victimes d'agression sexuelle

Encore plus grave, sur les 1920 femmes à avoir répondu à cette question précisément, 73 d’entre elles disent avoir été victimes d’agression sexuelle, tout comme 17 hommes ayant répondu au questionnaire.

Qui sont les responsables désignés par les sondés? Majoritairement des étudiants, selon 84% des victimes de harcèlement sexuel, et plus de neuf victimes d’agressions sur 10. Les enseignants sont dénoncés comme auteurs des faits par près d’un tiers des victimes de la première catégorie, et par 10% de la deuxième. En raison de la méthodologie de l’étude, qui permet notamment aux étudiants des réponses multiples, le total des réponses peut dépasser les 100%.

En moindre proportion, des personnes dont on ne connaît pas le statut et le personnel administratif et technique sont également désignés comme auteurs de faits de harcèlement et d’agressions.

Si l’étude résulte d’une initiative de la mission Egalité-diversité de l’Université de Lorraine, le campus est loin d’être le seul lieu où les étudiants sont victimes de violences sexuelles. Près d’un tiers des victimes de harcèlement déclarent ainsi avoir subi ces comportements sur leur lieu de stage, un quart pour les agressions sexuelles.

"Très peu d’universités ont effectué ce diagnostic, malgré les circulaires de 2013 et 2015. Cela va nous aider à mettre en place le dispositif de lutte contre le harcèlement sexuel à l’université qui sera opérationnel début 2018", affirme Pascal Tisserant, vice-président de l’Université Lorraine, auprès de l’Est républicain.

Des cellules d'écoute dans les universités dès début 2018

Une mesure que tous les établissements d’enseignement supérieur devront appliquer dès le début de l’année prochaine. "Je souhaite qu'une cellule d'accueil et d'écoute soit créée dans chaque université et chaque école d'ici la rentrée 2018", a en outre précisé Frédérique Vidal début décembre.

Une cellule qui permettra "dans un deuxième temps d'alerter les présidents et chefs d'établissement" selon la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Frédérique Vidal a promis d'être aux côtés "des établissements pour enclencher des procédures disciplinaires chaque fois que ce sera nécessaire".

"Nous ne pouvons pas accepter que, d'un établissement à l'autre, une femme ait plus ou moins de chance de trouver le soutien et l'écoute dont elle a besoin ou que la fermeté de la réaction et de la sanction varie", a-t-elle déclaré.
Liv Audigane, avec AFP