Noël à six: les familles entre déception et résignation

Un sapin de Noël décoré (photo d'illustration) - CPaKMoi - Flickr C.C.
Adieu grandes tablées familiales et retrouvailles entre cousins. La consigne cette année: pas plus de six à table autour de la bûche de Noël. Alors que le gouvernement a recommandé une jauge de six adultes, sans compter les enfants, pour les fêtes de fin d'année afin de limiter la circulation du Covid-19, cela implique de changer de plan pour les traditionnels repas de famille. Souvent à regret.
Les projets modifiés trois fois
Habituellement, Maryse*, une retraitée de 74 ans, fête le 25 décembre chez sa nièce et son compagnon qui habitent à quelques dizaines de kilomètres de son domicile dans le sud de l'Île-de-France. Au total, plus d'une quinzaine de convives se retrouvent ainsi autour de la table dont son fils et sa famille mais aussi sa sœur, ses enfants et petits-enfants, un beau-frère et une arrière grand-mère. Pandémie oblige, ce ne sera pas le cas cette année. Les projets ont même été modifiés à trois reprises.
"On s'était dit qu'on ne ferait pas de grand repas de famille cette année avec le Covid et on avait décidé de partir à la montagne avec mon fils, ma belle-fills et leurs enfants, explique-t-elle à BFMTV.com. On aurait loué un appartement à côté du leur, le père de ma belle-fille et son frère nous auraient également rejoints. Mais quand on a appris que les restaurants resteraient fermés et que les mesures sanitaires seraient toujours strictes, on s'est dit que ça ne valait pas le coup."
Dans la deuxième version, seuls son fils, sa belle-fille et leurs deux enfants devaient ainsi prendre la route pour les Hautes-Alpes. La petite famille aurait déballé les cadeaux avec les grands-parents le 24 à midi, veille du départ, Maryse et son conjoint auraient passé le 25 à deux. Mais l'annonce de la non réouverture des remontées mécaniques a modifié une troisième fois les plans. "Pour les enfants, partir à la montagne sans pouvoir faire de ski, ça n'avait pas de sens."
Le séjour à la montagne est donc annulé. Maryse et sa famille optent finalement pour une solution en petit comité. Un repas de famille à six - "enfants compris", précise-t-elle - le 25 au midi avec son conjoint, son fils, sa belle-fille - le repas se tiendra chez eux - et leurs deux enfants. "Avec cette solution, au moins, on n'est pas seul à Noël." Selon un sondage réalisé fin novembre, plus de six Français sur dix prévoient de se réunir avec moins de personnes qu'à l'accoutumé.
"Croiser mes enfants quelques heures"
Marie*, 66 ans, espère quant à elle pouvoir croiser ses trois enfants et quatre petits-enfants "au moins quelques heures" pour les fêtes de Noël, témoigne-t-elle. Si, tous les ans, la famille se réunit chez la sexagénaire, en Seine-de-Marne, cette année, il avait été décidé de se retrouver chez l'une de ses filles, à Nantes, notamment en raison du travail de sa belle-fille - elle est infirmière à l'hôpital et de garde dans la nuit du 24 au 25.
"Comme elles ne peuvent pas tous nous accueillir chez elles, on aurait loué un appartement plus grand. Mais évidemment, on aurait été bien plus que six. Du coup, c'est annulé."
Il n'y aura donc pas de grandes retrouvailles entre frère et sœurs, cousins et cousines. Si deux de ses enfants arriveront chez Marie les 23 et 24 décembre, ils repartiront le lendemain ou le surlendemain. Et sa cadette arrivera le 25.
"Je ne suis même pas certaine qu'elle croisera son frère, regrette Marie. Et mes deux filles ne se verront pas, mon aînée doit rendre son fils à son ex qui n'est pas très souple. Au total, en un an, j'ai vu chacun de mes enfants deux fois pour 12 à 48 heures. Ce n'est pas très réjouissant de se voir si peu. On aurait besoin d'un peu de gaieté mais là, j'ai du mal à la trouver."
Car Marie, en plus d'avoir souffert de la privation de ses enfants et petits-enfants du fait des deux confinements, doit s'occuper de sa mère malade. Elle a tout de même décoré son appartement, installé un sapin et s'est offert une rose de Noël "pour faire un peu plus fête" et commence à réfléchir aux menus de ces quelques jours avec les siens.
"On se fait une raison"
Chez Jacques* et Maria*, un couple de septuagénaires qui résident en banlieue parisienne, il n'y aura pas de traditionnelle grande réunion de famille. Tous deux ont tiré une croix sur la fête qui a pourtant lieu tous les ans avec leurs trois enfants, leurs conjoints et conjointe et leurs cinq petits-enfants.
"D'habitude, on fait Noël tous ensemble, confient-ils à BFMTV.com. Cette année, on devait aller à La Rochelle chez notre fille aînée. Mais il faut qu'on fasse attention, on n'a pas subi les deux confinements, on n'en a pas bavé avec les masques pour rien, ce serait bête de tout ficher en l'air. Ça nous embête mais on se fait une raison."
Le 25, ils ne recevront que l'une de leurs filles, son conjoint et leurs deux enfants étudiants qui résident dans une commune voisine. Six à table, tout juste. Pourtant, Jacques et Maria se réjouissaient de ces retrouvailles. "Ça fait un an qu'on ne s'est pas tous réunis", comptent-ils, déçus de cette fin d'année sans les leurs.
Quant à eux, cela fait trois mois qu'ils n'ont pas revu leur dernière petite-fille âgée de 2 ans. "C'est difficile psychologiquement." Rendez-vous pris pour mi-janvier avec leur fils, sa compagne et le bébé. "C'est long."
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