Mort de Rémi Fraisse: le gendarme "ni coupable, ni responsable", selon son avocat

Une grenade offensive lancée par un gendarme est responsable de la mort de Rémi Fraisse au barrage de Sivens. - Florine Galeorn - AFP
Un mois après la mort du militant écologiste Rémi Fraisse, le gendarme qui a lancé la grenade offensive est décrit comme un homme "meurtri". Il a eu du mal à comprendre que ce soit son geste, ce dimanche 26 octobre, qui ait causé ce drame. Ce qu'il comprend encore moins, c'est que celui-ci "soit exploité pour manipuler des lycéens ou des étudiants", selon sa propre perception de l'affaire.
Soumis au droit de réserve, le maréchal des logis chef ne peut raconter cette nuit où la grenade qu'il lance en direction des manifestants atteint mortellement l'un d'entre eux. C'est donc son avocat qui livre la version de ce gendarme de 32 ans dans une interview au Parisien - Aujourd'hui-en-France.
Défendre la zone attaquée
D'abord, martèle l'avocat, "en aucun cas" le gendarme n'a visé Rémi Fraisse. Sur ce point, Me Jean Tamalet est catégorique. "L'escadron avait reçu des ordres d'apaisement", précise-t-il.
Avant de poursuivre selon les dires de son client: "Alors que des ordres de dispersion avaient été donnés, il a aperçu un groupe de 4 ou 5 personnes se rapprocher. Il leur a à nouveau donné l'ordre de s'éloigner." Face à un énième refus, le gendarme lance une grenade à "une zone mi-chemin" entre les manifestants et le site à défendre.
L'escadron se rend alors compte qu'un homme est à terre. "Un peloton est allé chercher Rémi Fraisse (...) mon client continuait à défendre la zone attaquée".
"Ni coupable, ni responsable"
Rapidement, les premiers éléments de l'enquête tombent. C'est bien la grenade offensive que le gendarme a lancé qui serait responsable de la mort de Rémi Fraisse. "D'abord, il n'y a pas cru. Ensuite, il a été profondément choqué", poursuit Me Taladet. "Il est dans le même état d'esprit qu'un conducteur qui s'est parfaitement conformé au Code de la route, mais dont le véhicule a heurté mortellement un autre usager qui n'aurait pas respecté une interdiction", détaille l'avocat.
Mais une chose est sûre pour lui, son client n'est "ni coupable, ni responsable", parlant alors d'accident.
Un drame que le gendarme voudrait partager avec la famille de Rémi Fraisse. "Cent fois il a écrit une lettre qui leur (les parents du militant, ndlr) était destinée, et cent fois il l'a déchirée sans l'envoyer", confie l'avocat du militaire.