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Mercosur, taxes imposées par Trump, normes… Nouvelle journée d'action des agriculteurs partout en France

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Dans le viseur des agriculteurs, le projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur dont Bruxelles a lancé début septembre le processus de ratification.

Les tracteurs de nouveau dans les rues. Ce vendredi 26 septembre, aux dernières heures de la nuit, plusieurs actions ont débuté partout en France à l'appel de la FNSEA pour dénoncer les accords entre l'Europe et le Mercosur.

Les agriculteurs sont déjà mobilisés en région parisienne, mais aussi dans le marché de gros de Strasbourg ou en direction du chateau de Versailles. D'autres mobilisations sont attendues dans le Cher, à Bouges, dans les Ardennes, le Nord et la Marne, mais aussi dans le Pas-de-Calais.

À Blois, dans le Loir-et-Cher, des agriculteurs veulent sensibiliser les consommateurs avec une action coup de poing au rond-point du Mardeaux, avant une opération escargot vers la préfecture. Des croix faites de palettes de bois ont été installées pour symboliser la mort de l'agriculture.

"Ça fait deux ans qu'on fait des mobilisations fortes avec des messages forts (...) on a aucun signal positif, aucun message de notre président de la République. Il n'y a rien qui avance", déplore Olivier Hardouin, président de la FNSEA 41.

"On nous a promis des choses sur la souveraineté alimentaire, on a que du recul, notamment avec le Mercosur, avec la baisse de nos moyens production. C'est extrêmement compliqué de se projeter. On ne sait même pas s'il faut continuer à produire dans un mois, s'il faut planter, semer des céréales. Aujourd'hui, on a aucune perspective positive", poursuit le responsable du syndicat agricole.

Dans le viseur des agriculteurs, le projet d'accord de libre-échange entre l'Union européenne et des pays latino-américains du Mercosur dont Bruxelles a lancé début septembre le processus de ratification. La France, hier très opposée, semble depuis se montrer moins défavorable.

"Hypocrisie"

Plus globalement, il s'agit de se mobiliser contre "le Mercosur, les taxes imposées par Donald Trump et le flot des importations internationales qui ne respectent pas les normes qui sont les nôtres", a indiqué Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, qui dans un premier temps avait prévu des mobilisations plus tard dans l'automne.

"N'importons pas ce qu'on ne veut pas qu'on produise. C'est ça, l'hypocrisie de l'Europe. Sous couvert d'écologie, on importe ce qu'on ne produit pas ici, avec aucune norme environnementale et sociale", déplorait ainsi jeudi Dominique Noury, éleveur de vaches charolaises et de volailles, lors d'une action à Dijon.

L'accord avec le Mercosur doit permettre à l'UE d'exporter davantage de voitures, machines, vins... Mais l'accord facilitera aussi l'entrée de boeuf, volaille, sucre, miel, riz, exemptés de droits de douane.

Bruxelles insiste sur la faiblesse des volumes attendus, mais les filières européennes concernées crient au risque de déstabilisation et de baisse des prix, et surtout à la concurrence déloyale du fait de normes de production moins-disantes sur le plan sanitaire et environnemental et de contrôles défaillants.

Ordre syndical dispersé

Jeudi, une cinquantaine d'agriculteurs, selon des représentants syndicaux, ont bloqué l'entrée d'un Buffalo Grill à Pusey, près de Vesoul (Haute-Saône), pour la défense de la viande française. Avec une charolaise devant la porte d'entrée, ils ont tagué sur la devanture "Je suis français, je mange français".

"Les dégradations sur notre restaurant de Vesoul ne visent pas le bon acteur. Elles sont inacceptables", a déploré auprès de l'AFP le directeur général de l'enseigne Robert Guillet, assurant qu" à aucun moment nous n'avons ne serait ce que penser à importer depuis les pays d'Amérique du Sud".

Dans le centre de Dijon, 150 agriculteurs sont venus, avec 41 tracteurs et bennes, déverser fumier, terre et paille devant la Maison de l'Europe. "On importe de la viande qu'on n'a pas le droit de produire chez nous, alors qu'on a l'agriculture la plus durable au monde", a expliqué à l'AFP Antoine Fauchet, président des JA d'Is-sur-Tille (Côte d'Or).

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Pourquoi les agriculteurs sont-ils en colère? 
14:34

Le texte sur le Mercosur doit encore être approuvé par les États membres puis par le Parlement européen, la Commission espérant leur aval d'ici fin décembre. Les syndicats agricoles expriment leur opposition au traité dans un rare mouvement d'unanimité. Mais ils se mobilisent en ordre dispersé.

La Coordination rurale (CR), dans une volonté de se démarquer, veut être reçue par le Premier ministre Sébastien Lecornu pour lui présenter ses propositions, avant une mobilisation "avant la fin de l'année". e 3e syndicat, la Confédération paysanne, pour sa part a annoncé une manifestation à Paris, "tracteurs en tête", le 14 octobre.

Lucie Valais avec AFP