Manque d'hébergement, chaleur, expulsion... La galère des sans-abri en été

Une personne sans-abri sur les quais de Paris, en décembre 2017 (PHOTO D'ILLUSTRATION). - Christophe ARCHAMBAULT / AFP
"La première bataille, c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des femmes et des hommes dans les rues." Le souhait d'Emmanuel Macron, prononcé le 27 juillet 2017 ne cesse depuis d'être rappelé par les associations au président de la République. Et l'été, les personnes dans la rue ne sont pas épargnées. Au contraire, elles sont tout aussi fragiles.
Saisonnalité de l'hébergement d'urgence
Comme son nom l'indique, le plan hivernal n'est pas effectif en été. Or, c'est ce plan "Grand froid" qui permet d'ouvrir des hébergements d'urgence. Le gouvernement a ainsi ouvert 14.000 places supplémentaires en décembre dernier, s'ajoutant au 136.000 déjà existantes. Si l'effort est louable, "la saisonnalité" de ces hébergements pose problème, selon Frédérique Kaba, directrice des missions sociales à la Fondation Abbé Pierre auprès de BFMTV.com. En effet, ce plan hivernal s'arrête au printemps, entre avril et juin. Les personnes provisoirement logées se retrouvent de fait, à nouveau dans la rue.
"Les personnes en situation d'errance ont besoin d'un logement pérenne", regrette la responsable de la Fondation Abbé Pierre, qui dénonce "le désengagement de l'État" une fois les beaux jours arrivés.
Expulsions des familles
En dehors de la période encadrée par le plan hivernal, les expulsions ne sont plus interdites, ce qui favorise le risque de voir des familles dans la rue. 150 personnes ont ainsi été expulsées à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), où elles occupaient une usine désaffectée:
"L'État accélère l'expulsion de familles avec enfants durant l'été parce que c'est pendant les vacances scolaires. Leurs copains, les parents de leurs copains et les instituteurs ne sont pas là", a ainsi dénoncé Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l'association Droit au logement au micro de RTL ce mardi matin.
Droit à l'alimentation et à l'hygiène
Les places d'hébergement d'urgence sont d'autant plus utiles pour abriter les personnes en errance en période de fortes chaleurs, comme lors des deux canicules de juin et et juillet. Une question de "dignité" pour la Fondation de l'Abbé Pierre, qui a publié une Déclaration des droits des personnes sans-abri, dans laquelle elle rappelle que "toute personne sans-abri a droit à l'alimentation et à l'hygiène".
Or, entre juin et septembre, les effectifs d'association sont généralement en baisse, explique Frédérique Kaba:
"Les associations sont obligées de donner des congés à leurs salariés et il n'y a pas de budget complémentaire pour recruter des remplaçants."
Il est donc plus difficile pour ces dernières d'assurer des maraudes continues permettant de proposer de la nourriture et de l'eau à chaque personne dans la rue, pourtant nécessaire lors des fortes chaleurs. Pour l'hygiène également, l'association dénonce le manque d'investissement public. Marseille ne dispose par exemple d'aucun bain-douche sur tout le territoire de la cité phocéenne.
Cela signifie-t-il que la mortalité des personnes sans-abri augmente en été ? Comme nous vous l'expliquions ici, pas forcément. Elle reste haute toute l'année. Mais tant que l'État ne résoudra pas le problème "systémique" de l'hébergement pérenne, selon Frédérique Kaba, le souhait d'Emmanuel Macron de ne plus voir "des femmes et des hommes dans les rues" restera une illusion.