LGBTphobies: plus d'une personne homosexuelle, bi ou transgenre sur deux a déjà été agressée

Des manifestants à Paris le 17 mai 2013 à l'occasion de la journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie. - MARTIN BUREAU / AFP
Plus d'une personne sur deux se définissant comme homosexuelle, bisexuelle ou transgenre a été victime d'une agression en raison de son orientation sexuelle ou de son identité de genre au cours de sa vie, d'après une étude de l'Ifop dévoilée ce mercredi.
Au total, 53% des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles ou transgenres) ont fait l'objet d'agressions à caractère homophobe, biphobe ou transphobe, précise cette enquête réalisée pour la Fondation Jean Jaurès et la Dilcrah (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT). 16% des personnes interrogées y ont été confrontées au cours des 12 derniers mois.
1 personne sur 4 victime d'agression sexuelle
Parmi les faits répertoriés, des insultes (28%), des attouchements ou caresses à caractère sexuel (24%), des menaces de révéler l'orientation sexuelle à des proches, collègues ou voisins (18%), ou encore un viol (11%). L'écart entre les hommes et les femmes est faible face aux agissements, puisque parmi les homosexuels 66% des hommes sont concernés, et 61% des femmes, contre 53% et 54% parmi l'ensemble de LGBT. Si les formes verbales d'agressions sont les plus répandues, un quart des personnes LGBT (24%) ont déjà été agressées sexuellement.
C'est dans l'agglomération parisienne que se produisent le plus ces agissements, à la différence des milieux ruraux, moins concernés par ces agressions. Les faits se produisent le plus souvent dans l'établissement scolaire, puis les transports ou la rue, vient ensuite le lieu de travail, au sein de la famille ou sur les réseaux sociaux, précise l'étude.

33% des personnes ont déjà été discriminées
A la question de savoir si les sanctions judiciaires doivent être aussi sévères pour des propos tels que "sale gouine" ou "sale pédé" que des propos racistes (comme "sale noir", "sale arabe") ou antisémite (sale juif"), 87% des personnes LGBT s'y disent favorables.
Par ailleurs, 33% des personnes LGBT affirment avoir déjà vécu une discrimination en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre au cours de leur vie. "Ces discriminations ont été exercées pour 25 % des personnes interrogées par des supérieurs hiérarchiques ou des collègues sur le lieu de travail et pour 21% des personnes interrogées par des enseignants dans le milieu éducatif. Au cours des douze derniers mois, ce sont 9% et 6% des personnes LGBT qui déclarent avoir été discriminées de la sorte par ces personnes respectivement", détaille le rapport.
Des stratégies "d'évitement" pour éviter les agressions
19% des personnes interrogées ont aussi dû faire face à des discriminations de la part des forces de l'ordre ou des professionnels de santé (17%) et des agens publics (17% également).
Pour les victimes, il en résulte une forte tendance à adopter "des stratégies d'évitement face au risque d'agression". 43% évitent ainsi d'embrasser leur partenaire dans l'espace public, 41% s'abstiennent de lui tenir la main, et plus d'un quart adoptent ces deux stratégies systématiquement. "Près de 6 personnes LGBT sur 10 (59%) déclarent adopter des comportements visant à éviter des injures ou des agressions homophobes. Un taux qui atteint même 75% parmi les homosexuels assumés", écrit encore le rapport.
En mai, SOS Homophobie avait relevé que pour la deuxième année consécutive, le nombre d'actes homophobes avait augmenté de 4,8% en 2017 en France.
Etude réalisée par l'Ifop, avec un questionnaire en ligne du 23 mai au 6 juin 2018, auprès de 994 personnes homosexuelles, bisexuelles et transgenres, représentant un échantillon représentatif selon la méthode des quotas.