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"La pollution est une attaque directe" sur la santé

Vitesse réduite à cause de la pollution sur le périphérique parisien, le 13 mars 2014.

Vitesse réduite à cause de la pollution sur le périphérique parisien, le 13 mars 2014. - Thomas Samson - AFP

Plusieurs régions françaises connaissent cette semaine un nouveau pic de pollution. De la gorge qui gratte à des pathologies plus graves, les effets sur la santé de ces épisodes récurrents inquiètent.

Un beau soleil, peu de vent, un volcan islandais et les particules s'accumulent dans l'air depuis le début de la semaine. Un nouveau pic de pollution devrait être franchi à Paris ce vendredi entraînant les inquiétudes des citadins. Symptômes ressentis et pollution sont-ils vraiment liés? BFMTV.com a interrogé le pneumologue, pédiatre et allergologue Nhân Pham-Thi, à l'institut Pasteur à Paris.

Remarquez vous une hausse des consultations après un pic de pollution ?

Oui, le jour même et les jours qui suivent, on note une augmentation des appels et des consultations pour des symptômes qui peuvent être liés à la pollution.

De quels symptômes s’agit-t-il ?

La pollution agit sur les muqueuses de contact: les yeux et le nez notamment. Elle crée une irritation et les yeux démangent, larmoient, le nez et le fond de la gorge démangent aussi. Pour certaines personnes, cela provoque une toux, une gêne respiratoire voire une sensation de souffle court. D’autres patients auront des effets sur la peau. Et puis, il ne faut pas oublier qu’il y a un effet cumulatif. La pollution a été reconnue officiellement comme cancérogène. Mais cela n’est, en revanche, pas mesurable immédiatement

>> Lire aussi: "Pollution: ce qui se passe dans notre corps"

Peut-on lier ces symptômes à la pollution ?

Si vous êtes malade en ce moment, cela peut être dû à un virus. Mais la pollution vient aggraver la situation. Par exemple si vous avez les voies respiratoires sensibles, la pollution va favoriser l’irritation et les infections. Si un patient me dit qu’il a les yeux qui piquent, je ne pourrai pas établir une relation sûre de cause à effet avec la pollution. Mais on note une corrélation statistique: les courbes des symptômes et des pics de pollution se suivent. On l’a très bien vu au mois de mars.

A la longue, peut-on développer une hypersensibilité, sur le modèle d’une allergie?

Non. La pollution a un effet irritant qui ne relève pas du mécanisme de l’allergie. C'est un facteur aggravant: plus vous êtes exposé, plus vous allez être irrité et avoir les voies respiratoires sensibles. Mais la pollution est une attaque directe alors que, lors d'une allergie, le corps se défend contre une substance alors qu’il ne devrait pas. Parfois, cela peut se combiner. L’an dernier, pendant les pics de pollution de mars, on a noté une relation avec une augmentation des allergies notamment aux pollens et au bouleau. 

Constate-t-on une différence entre les gens qui sont plus ou moins exposés ?

Oui. Les gens qui habitent sur de grands axes, qui sont au bord du périphérique par exemple, ont plus de symptômes. Clairement. Mais la pollution est l’affaire de tous. Je suis convaincu qu’on peut changer les choses, il faut en parler, et faire pression sur les élus pour développer les transports en communs propres. Soyons positifs!

Propos recueillis par Aurélie Delmas