Pollution: comment les particules fines agressent notre corps

Vue de la Tour Eiffel le 4 août 2014, depuis le ballon d'Airparif. - Bertrand Guay - AFP
MISE A JOUR - Un nouvel épisode de pollution est attendu en France, ce mercredi 8 avril. L'occasion de revenir sur les risques auxquels nous exposent les particules fines que nous respirons les jours de pollution.
Un nouveau pic de pollution aux particules fines devrait être dépassé en région parisienne ce mardi, et un autre épisode similaire est attendu mercredi. Si les alertes sont lancées de plus en plus souvent, on ne sait pas forcément quel est le danger qui nous menace. Que se passe-t-il dans notre corps lorsque nous sommes exposés à une telle pollution?
BFMTV.com et le Dr Pierre Souvet, président de l’Association santé environnement France, décryptent le chemin des particules fines dans notre organisme.
Un "stress oxydatif" potentiellement mortel
Plusieurs études épidémiologiques font le parallèle entre les pics de pollution atmosphérique, et une augmentation d’événements sanitaires allant de la crise d’asthme au décès.
Chaque jour, nous respirons environ 15.000 litres d’air. Or les particules fines - principalement composées de sulfates, nitrates, ammonium, chlorure de sodium, carbone, matières minérales et d’eau - sont en suspension dans l’air. Lorsque nous les respirons, elles pénètrent profondément dans l'arbre respiratoire, parfois jusqu’aux poumons. Les plus fines peuvent pénétrer dans le système sanguin et provoquer des problèmes cardiovasculaires. "Techniquement, on parle de ‘stress oxydatif’, les particules provoquent une agression inflammatoire des vaisseaux et cela peut générer un mécanisme de thrombose, de caillots".
Qui sont les personnes les plus exposées ?
"Certains sujets doivent être plus sensibilisés. En premier lieu les personnes atteintes d’une pathologie cardio-vasculaire ou respiratoire. Mais aussi les enfants jusqu’à l’adolescence, parce que leur rythme respiratoire est plus élevé, et les personnes âgées, qui vont être plus vite agressées et dont l’organisme peut être fatigué", détaille le médecin qui précise: "quelque soit son âge et son état, on est toujours soumis à la pollution, même si on n’a pas de symptômes. Personne n’échappe à l’attaque de la pollution".
Que risquons- nous?
Répercussions immédiates
"Les particules en suspension ont plus d'effets sur la santé que tout autre polluant", dixit l’Organisation mondiale de la santé. Les effets dits à court terme surviennent de quelques minutes à quelques semaines après une exposition aux polluants.
Au delà des "conséquences classiques", (yeux qui piquent, nez qui coule…) , les particules fines, responsables d'une réaction inflammatoire on l'a vu, peuvent lors des pics aggraver ou déclencher une crise d’asthme ou des réactions allergiques, ou encore exacerber des pathologies respiratoires pré-existantes. Le Dr Souvet rappelle également que "le sur-risque d’infarctus - et pas leur survenue, est bien plus important les jours de forte pollution".
A plus long terme
L'exposition régulière aux particules fines est responsable d'une diminution de l'espérance de vie. Selon un rapport de l’InVs portant sur 9 villes françaises entre 2004 et 2006, une réduction de la pollution atmosphérique permettrait de différer près de 3.000 décès par an et d’éviter près de 1.000 hospitalisations cardiaques et respiratoires. "Quand vous nagez dans cette pollution, même les jours où il n'y a pas de pics, le risque de pathologies cardio-vasculaires augmente", rappelle Pierre Souvet qui explique: "à force d’enflammer l’artère, elle se bouche peu à peu".
Les micro-particules sont source d’un autre danger: "elles transportent des métaux lourds et des polluants de type pesticides, arsenic… et agissent comme un cheval de Troie pour les introduire dans l’organisme", alerte le médecin.
Dans son acception large, la pollution de l'air extérieur est classée comme un cancérogène pour l'homme par l'OMS depuis octobre 2013.
Comment réagir lors des pics?
- Lors d’un pic de pollution, il est conseiller de ne pas fumer, ni d'utiliser de solvants ou faire de travaux, afin de ne pas cumuler les polluants. "Pas de jogging dans les rues les plus exposées", ajoute le Dr Souvet. Il faut également éviter de promener un bébé dans une poussette, à hauteur des pots d’échappement et faire en sorte de réduire sa vitesse quand on est conducteur.
Et pourquoi pas, dès que possible, selon le conseil du Dr Pierre Souvet, "s’en aller loin pour respirer" et éliminer les particules fines accumulées.