Grève des avocats: à Lille, la mobilisation se transforme mais ne s'arrête pas

Le 06/02/2020 à 13h21

Consultations gratuites, grèves perlées, grèves du zèle... S'ils retourneront aux prétoires dans les jours à venir, les avocats lillois entendent poursuivre leur mobilisation par d'autres moyens que l'absence dans les tribunaux.

Voilà maintenant un mois que les avocats du barreau de Lille et de la région ont déserté les prétoires, impliquant le report de nombreux dossiers et un engorgement des tribunaux. Mercredi, leur ordre leur a cependant préconisé de retourner plaider.

Mais les avocats lillois sont formels: ils ne comptent pas pour autant stopper leur mobilisation contre la réforme des retraites, qui prévoit notamment la suppression de leur régime autonome de cotisation. "On va continuer le mouvement de façon encore plus forte", a ainsi affirmé sur le plateau de BFM Grand Lille ce jeudi Eve Thieffry, avocate au barreau de Paris et membre du Conseil de l'Ordre de sa profession.

"On va reprendre les audiences, a confirmé la magistrate. C'est vrai que quand on regarde la définition de la grève, c'est arrêter tout travail. Mais il y a d'autres modalités de grève aussi. Il y a des grèves du zèle, des grèves perlées."

Eve Thieffry a assuré qu'au cours des prochaines semaines, elle et ses confrères allaient "en grève très dure, avec notamment des grèves du zèle très fortes". Des mobilisations de ce type ont déjà pu être observées depuis le début du mouvement social contre la réforme des retraites du gouvernement le 5 décembre dernier. À Clermont-Ferrand, pas moins de 25 avocats se sont par exemple rendu au tribunal le 16 janvier dernier pour défendre un seul prévenu.

Consultations gratuites et concours d'éloquence

Mais la mobilisation des avocats, qui ont multiplié les actions choc à travers la France ces dernières semaines, passera également par des consultations gratuites, a déclaré Eve Thieffry.

"Ca fait partie des autres modalités de grève. On va proposer des consultations gratuites au sein, par exemple, du palais de justice, le week-end, alors que (le lieu) n'accepte pas la présence des justiciables", a ajouté l'avocate, assurant qu'elle et ses collègues entendaient être "très visibles" pour la suite du mouvement social.

Pour se faire entendre, les avocats lillois ont par ailleurs décidé d'organiser un concours d'éloquence ce jeudi soir au Conseil régional. Au cours de cette joute oratoire, à laquelle d'autres professions touchées par la réforme sont conviées, les magistrats parleront "des retraites, dans tous les sens, avec humour, avec un côté provocateur", a expliqué Eve Thieffry.

"Je pense que maintenant tous les moyens sont bons pour se faire écouter et enfin entendre. Ca fait quatre semaines qu'on ne nous entend pas", a déploré l'avocate.