Quatre jours ou quatre jours et demi: l'éternel débat sur les rythmes scolaires

(Photo d'illustration) - AFP
C'était l'une des mesures emblématiques du quinquennat Hollande et depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir, elle disparaît peu à peu: la semaine de 4 jours et demi, portée par Vincent Peillon en 2013, consistait à proposer des journées d'école plus courtes compensées par la classe le mercredi matin, avec des activités périscolaires l'après-midi.
Pour les communes, la réforme avait été parfois complexe au départ: il avait fallu trouver, former et rémunérer des animateurs pour organiser les activités des enfants, et les familles avaient dû modifier leur organisation. Dans le corps enseignant, la réforme a été fortement décriée.
"Cela n'a pas marché parce que le ministre de l'époque, Vincent Peillon, a voulu bricoler et imposer à toute la France une réforme mal pensée", assure Jérôme Lambert, secrétaire départemental Snuipp-FSU à Paris.
Selon la consultation du syndicat, 98% des enseignants se disent opposés à la semaine de 4 jours et demi, et 79,5% sont favorables au retour à la semaine de quatre jours.
Macron a "redonné de la souplesse"
A la rentrée 2017, Emmanuel Macron, sans revenir frontalement sur cette mesure, avait toutefois décidé par décret de laisser aux communes la possibilité de "redonner de la souplesse": en clair, de permettre à chacune de revenir à une semaine de quatre jours. 37% des communes avaient aussitôt décidé de faire marche arrière, les autres avaient préféré consulter leur population.
Désormais, la plupart des grandes villes françaises y sont revenues elles aussi. Selon les estimations du ministère, environ 70% des communes ont décidé de rétropédaler. Pour celles-ci, le gouvernement s'apprête à annoncer son "plan mercredi": des mesures financières, entre autres, pour aider les communes et les écoles à proposer un accueil le mercredi matin si elles le souhaitent. Une façon notamment de répondre aux attentes des familles qui avaient dû changer leur organisation en 2013.
Au centre du débat, la fatigue des enfants
Vincent Peillon n'avait pas été le premier à s'attaquer à la réforme des rythmes scolaires. Avant lui en 2008, le ministre de l'Education nationale Xavier Darcos avait décidé de mettre fin au travail le samedi en maternelle et primaire, et réduit le temps de travail des écoliers de 26 à 24 heures hebdomadaires.
De tout temps, le sujet a divisé les spécialistes. En juin 2015, l'Inspection générale de l'Education nationale rapportait que "de très nombreux enseignants et directeurs indiquaient une fatigue accrue des élèves, en particulier en fin de semaine" après la mise en place de la semaine de 4 jours et demi. De son côté, l'Académie de médecine citée par Le Monde regrettait la longueur des journées lors d'une semaine de 4 jours, qu'elle qualifiait de "contresens biologique".
Dans un rapport publié en juin 2017, le service statistique de l'Education nationale rappelait que le débat sur les rythmes avait toujours été vif: au XIXe siècle déjà, on craignait de surmener les enfants. Le débat était à nouveau revenu sur la table dans les années 80, à l'occasion du développement de la chronobiologie. Difficile de dire s'il sera tranché un jour.