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Pour ou contre la refondation de l'école ?

Vincent Peillon, ministre de l'Education nationale.

Vincent Peillon, ministre de l'Education nationale. - -

Le projet de loi porté par le ministre de l'Education nationale Vincent Peillon a été révélé mercredi soir. Que dit-il et quelles objections soulève-t-il ?

François Hollande a fait de la refondation de l'école de la République la priorité des priorités de son quinquennat. Un projet de loi, dont la teneur a déjà filtré dans différents médias, sera présenté au Parlement début 2013. Rythmes scolaires, formation des enseignants, réforme du système d'orientation et du socle commun de connaissances, jusqu'à la disparition du Haut Conseil de l'Education, les sujets de polémiques ne manquent pas. Quels sont les arguments en faveur et défaveur de la réforme, point par point.

>> Le texte du projet de loi d'orientation et de programmation de l'école de la République

Coûteux changement des rythmes scolaires

>> La réforme : Le passage à la semaine de 4 jours et demi est confirmé. La demi-journée supplémentaire, sauf, dérogation serait celle du mercredi matin.

• Pour - "Cette réforme permettra d’alléger les journées de classe et, en répartissant mieux le temps scolaire, d’améliorer l’efficacité des apprentissages", précise l'annexe au projet de loi. Le but est aussi d'assurer "une aide au travail personnel" et "les activités pédagogiques complémentaires".

• Contre - Le principal obstacle, outre la grogne des parents d'élèves, est le coût que pourrait engendrer cette mesure. Les communes s'inquiètent notamment du financement des animateurs qui assureront ces activités périscolaires.

Formation des enseignants, l'ombre des IUFM

>> La réforme : Le projet de loi entend également rétablir une "formation initiale et continue de qualité" des enseignants. En clair, le système revient sur la réforme mise en place sous le quinquennat Sarkozy qui avait supprimé l'année de formation continue. Des ESPE (Ecoles supérieures du professorat et de l'Education) rattachées aux universités seront créées, rappelant les IUFM. Le but est aussi de former les enseignants à l'usage du numérique.

• Pour - Avec la réforme précédente, certains enseignants étaient lâchés devant les élèves sans formation pratique.

Contre - Le risque est de voir les travers des IUFM ressurgir, structures accusées parfois de "pédagogisme" soit la mise en place de pédagogie inapplicables ou déonnectées de la réalité de l'enseignement.

La délicate réforme du socle commun des connaissances

>> La réforme : Le Conseil supérieur des programmes, qui supprime au passage le Haut conseil de l'Education et rétablit un conseil du même type supprimé en 2005, devra formuler "des propositions, tant sur le contenu du socle, des programmes, et leur articulation avec les cycles". Ce "socle de connaissances de compétences et de culture" doit faire l'objet d'un décret qui fixera plus précisément son contenu.

• Pour - Simplifier le socle de connaissances et de compétences et surtout son évaluation n’est pas une mauvaise chose.

• Contre - Le socle commun, mais plus généralement l'évaluation notée des élèves s'invite dans ce débat puisque le texte préconise une évolution de la notation des élèves "pour éviter une notation sanction à faible valeur pédagogique" dans le but de "valoriser les progrès". Un sondage publié par Le Figaro en septembre dernier, montrait l'attachement des Français aux systèmes de notation.

Un service d'orientation territorialisé à double tranchant

>> La réforme : L'article 23 du projet dispose qu'un "parcours" individuel est placé sous la responsabilité du chef d'établissement". Le but est de favoriser une "orientation choisie" plutôt que subie. Le problème concerne 140.000 jeunes qui, chaque année, quittent l'école sans aucun diplôme. L'objectif est "de diviser par deux le nombre" de ces "décrocheurs" à la fin du quinquennat.

L'un des moyens évoqué pour pallier cette absence de qualification est de mettre en place un service d'orientation territorialisé permettant de mettre en place une "durée complémentaire de formation qualifiante" dont les conditions seront fixées par décret. L'Etat et les régions devront alors établir des objectifs conjoints en partenariat avec les Comités régionaux de l'emploi et de la formation professionnelle. Cette ambition est, selon le ministre, un élément essentiel du "redressement productif" de la France.

• Pour - Favoriser une certaine adéquation entre le monde de l'entreprise et du travail, "au-delà du stage de troisième" est une nécessité économique comme l'exposait le ministre Vincent Peillon dans Les Echos.

• Contre - Les syndicats d'enseignants, notamment FO et le Snep fustigent une "fausse bonne idée". Ils dénoncent "l'illusion d'une possible adéquation formation emploi" et craignent que cette mesure ne favorise l'apprentissage au détriment d'une véritable formation professionnelle. Autre argument, la double tutelle Etat et région, ne leur semble pas viable.

David Namias