L'introduction du numérique à l'école n'est pas la panacée

Il ne suffit pas d'équiper massivement les élèves et leurs classes d'outils numériques pour obtenir une amélioration des résultats. - Fred Dufour - AFP
Donner des tablettes à tous les élèves et passer au tout numérique….pour certains c’est le nec plus ultra, mais pas pour l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). L’organisation, qui regroupe quinze pays, a testé les élèves de 15 ans en lecture et navigation sur internet.
Les pays qui ont beaucoup investi dans le numérique n'ont pas enregistré d'amélioration notable des résultats en compréhension de l'écrit, mathématiques et sciences, souligne l'OCDE, qui a étudié pour la première fois les compétences numériques des élèves, à partir des données recueillies lors de l'édition 2012 de son enquête Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves).
Bonne nouvelle la France est plutôt bien placée, malgré un usage modéré du numérique en classe. Les élèves français se débrouillent mieux sur ordinateur (entre la 10e et la 14e place) que sur papier (12e à 16e), notamment les garçons, "alors que pourtant le numérique ne fait pas partie des apprentissages".
En revanche certains pays qui sont passés ces dernières années à un usage intensif du numérique à l’école ont vu leur résultats stagner voire baisser.
En Espagne, pendant l'étude, si les élèves ont utilisé le numérique 30 minutes par jour à l’école, leurs résultats ont baissé en test de lecture sur écran. A l’inverse les pays asiatique sont à moins de 15 minutes par jour, et tiennent pourtant le haut du classement publié mardi.
"Faire en sorte que les enseignants soient aux avant-postes"
François Hollande a affirmé à plusieurs reprises que l'introduction du numérique à l'école devait être une "ambition nationale", le Président y voyant un moyen de "lutter contre les inégalités". D’après l’OCDE, "le fait de s’assurer que chaque élève atteigne un niveau de compétences de base en compréhension de l’écrit et en mathématiques contribuera davantage à l’égalité des chances dans notre monde numérique que le simple fait d’élargir ou de subventionner l’accès à des services et des appareils de haute technicité."
"Ce n'est pas une question de quantité c'est une question de qualité, résume Eric Charbonnier, en charge de l'éducation à l'OCDE. Ce n'est pas parce qu'on aura plein d'ordinateurs dans les écoles, qu'on utilisera le numérique de façon intensive dans les entreprises qu'on va réussir. Ce qui fait la différence c'est vraiment de l'utiliser de façon ciblée".
"Les pays doivent investir plus efficacement dans ce domaine et faire en sorte que les enseignants soient aux avant-postes de l’élaboration et de la mise en œuvre de ce changement", préconise le rapport.
Pour que les nouvelles technologies soient efficaces, "il faut partir des usages", "répondre à des finalités pédagogiques", estime Francesco Avvisati, analyste à l'OCDE.
"On a probablement surestimé les compétences numériques des professeurs et des élèves", souligne dans le rapport Andreas Schleicher, directeur de l'éducation et des compétences à l'OCDE. Puis, "combien d'enfants choisiraient de jouer à un jeu vidéo s'il était de la même (mauvaise) qualité que les logiciels que l'on trouve dans des nombreuses classes?", relève-t-il aussi.