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Baccalauréat: comment sont corrigées les copies des candidats?

Image d'illustration - copies du baccalauréat

Image d'illustration - copies du baccalauréat - Mehdi Fedouach - AFP

Une dizaine de jours séparent les épreuves du baccalauréat des résultats. Pendant ce laps de temps, les copies des candidats sont distribuées aux professeurs-correcteurs et passent par plusieurs commissions qui contrôlent et parfois revoient les notes accordées.

Vendredi, c'est le grand jour des résultats du baccalauréat, ou presque. Alors que des milliers de copies du baccalauréat sont retenues par des correcteurs - qui protestent contre la réforme des lycées - BFMTV.com s'est intéressé aux méthodes de correction des épreuves de cet examen, qui valide la fin du lycée, et permet l'entrée dans l'enseignement supérieur.

Depuis le rendu de la copie de l'élève au surveillant, jusqu'à la révélation des notes le jour des résultats, par quelles mains passent les copies du bac et comment sont-elles corrigées?

  • Les consignes de la commission d'entente

Avant de répartir les copies et de se lancer dans leur correction, des consignes sont établies par les professeurs correcteurs lors de commissions d'entente dans les différentes académies. Devant des groupes de correcteurs réunis, le barème est présenté, et des "copies tests" sont étudiées. Il s'agit des photocopies de vraies copies rendues par des vrais candidats.

"En amont, on peut ainsi voir les questions qui ont bien marché ou non, celles sur lesquelles il y a eu plus de difficultés", explique Marie-Thérèse Lehoucq, présidente de l'union des professeurs de physique et de chimie (UDPPC), "le barème peut être revu, amélioré, en fonction de nos observations".

Cette année par exemple, en philosophie "on s'est rendu compte que le texte de Montaigne sur lequel devaient plancher les élèves du bac technologique était un extrait très difficile, avec un passage particulièrement compliqué", explique Marie Perret, vice-présidente de l'association des professeurs de philosophie (APPEP). "On a fait remonter le problème, pour que les élèves qui ont fait des contre-sens sur ce passage ne soient sanctionnés".

Pendant cette réunion, chacun pose ses questions sur les corrections à venir, les réactions à avoir face à une copie plus compliquée qu'une autre. Les correcteurs prennent ensuite leur paquet à corriger, et vont s'atteler à leur lecture et correction.

  • Une dizaine de jours pour corriger

"Cette année, j'ai eu 64 copies à corriger en physique-chimie pour le bac général", explique Marie-Thérèse Lehoucq. "Le nombre de copies à corriger dépend des matières, les professeurs de philosophie sont toujours un peu plus chargés", explique-t-elle.

Marie Perret raconte qu'elle traite environ 130 copies quand il s'agit de corriger les séries ES et S, "habituellement il y en a un peu moins en L, et un peu plus en filière technologique".

En règle générale, les corrections se font sur dix jours ouvrables, et "bien sûr si on a un doute, on a toujours un mail, un téléphone à contacter", déclare Marie-Thérèse Lehoucq.

  • "L'harmonisation" des notes

Une fois les copies corrigées individuellement, les correcteurs se réunissent à nouveau, pour les commissions d'harmonisation, "organisées afin de veiller à l’égalité du traitement des candidats", selon le site de l'Éducation nationale.

"On procède par seuil", explique Marie Perret. "Dans un lot de copies on en lit une à 6/20, une à 8/20, une à 10/20 afin de voir si la notation est juste" et conforme à la façon dont les autres professeurs ont noté. "On fait aussi relire par un autre collègue les copies qui ont moins de 5/20", explique-t-elle.

Il s'agit de veiller par exemple à ce que des professeurs, trop sévères, n'aient pas été plus durs que les autres, ou que des élèves n'aient pas été sous-notés parce que leur devoir était placé dans un très bon paquet de copies. Les notes sont réévaluées en fonction des observation de la commission, "il s'agit de corriger les trop grands écarts", explique Marie-Thérèse Lehoucq.

  • "On est dans l'encouragement"

Lors de ces commissions "en général on rajoute plutôt quelque chose, on est dans l'encouragement", déclare la professeure de physique-chimie, qui n'a "jamais vu de retrait de points" à cette étape. "Ce qui se tient dans la copie doit être valorisé", explique-t-elle.

"Il faut garder en tête que c'est une évaluation sur une seule épreuve, un one shot", rappelle également Marie-Thérèse Lehoucq. "Les élèves ne font qu'un an de philosophie, qui est une discipline difficile", déclare également Marie Perret.

La vice-présidente de l'APPEP reconnait qu'il y a 50 ans "c'était beaucoup plus draconien, un élève qui faisait un hors-sujet était sanctionné durement". Actuellement, "on part du principe qu'un élève qui a mal compris un sujet peut tout de même démontrer une réflexion intéressante, un exemple pertinent à valoriser" explique la professeure de philosophie. Bien que selon son expérience, "cela peut arriver que l'on baisse la note de quelqu'un".

  • La délibération définitive du jury

Viennent ensuite, et enfin, les délibérations du jury, qui donne le dernier avis sur les résultats d'un élève, décide de l'obtention, ou non de son baccalauréat. L'anonymat des candidats est brisé, et les notes des copies sont comparées aux résultats des candidats dans l'année. Il s'agit alors de décider du sort d'un élève en rapprochant ses notes au baccalauréat de son contrôle continu.

"On ne repêche pas quelqu'un qui a 50 points à rattraper", précise Marie-Thérèse Lehoucq, "mais on peut donner un coup de pouce pour une mention, ou pour un passage à l'oral", explique-t-elle. "C'est du cas par cas".

"Après délibération définitive, le chef de centre veille à la remontée des notes, saisies dans l'application informatique nationale dédiée", rapporte le site de l'Éducation nationale. Le sort des élèves est alors scellé, et les résultats ne demandent plus qu'à être publiés.

Salomé Vincendon