Au lycée, le grand bouleversement commence: ce qui change en cette rentrée scolaire 2019

Elèves devant le lycée du Parc à Lyon. - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
C'est un sacré virage. Ce lundi, tandis que 12,4 millions de jeunes Français accomplissent leur rentrée scolaire, les regards se braquent sur les lycéens, notamment ceux qui intègrent la classe de première première. Car, alors que la réforme des lycées débarque dans les cours en ce début d'édition 2019, ce sont eux qui vont devoir fournir le plus gros effort.
- C'est la fin des filières L, S, ES...
Le chambardement redessine toute la structure de leur année. En effet, les filières L, S, ES etc. qui encadraient la dernière montée des études secondaires depuis les années 90 disparaissent. Les lycéens devront dès cette année se couler dans le schéma d'un tronc commun de 16 heures, auxquelles s'ajouteront le suivi de trois enseignements de spécialité, puis 1h30 (là aussi hebdomadaire) d'orientation et un enseignement d'option.
Le tronc commun des classes de première se décompose comme suit: 4 heures de français, 3 heures d'histoire-géographie, 0h30 d'enseignement moral et civique, 4h30 de langues vivantes, 2 heures d'éducation physique et sportive, 2 heures d'humanités scientifiques et économiques. Ce tronc commun verra une nouvelle branche pousser en terminale avec l'arrivée de la philosophie, elle aussi déclinée en 4 heures hebdomadaires.
- De nouvelles matières apparaissent
Autour de ce tronc commun gravitent les disciplines de spécialité. On en compte 10. Les élèves qui entrent en première ce lundi ont dû en retenir 3 à la fin de leur seconde et devront en abandonner une en poursuivant leurs études en terminale. Chacune de ces matières représente 4 heures d'apprentissage en première, et 6 heures en terminale.
Ces dix disciplines, en gardant à l'esprit que toutes ne sont pas présentes dans l'intégralité des établissements, sont: les arts ; l'histoire-géographie et sciences politiques; les humanités, littérature et philosophie ; langues et littératures étrangères ; mathématiques ; numérique et sciences informatiques ; science de la vie et de la terre ; sciences économiques et sociales ; physique-chimie.
Le cours permettant de pratiquer le latin et le grec, dont l'intitulé est "littérature, langues et cultures de l'antiquité", a rang d'option. Les élèves de première ont en effet pu prendre une option, facultative, et ceux de terminale pourront lui en adjoindre une supplémentaire.
- Les élèves risquent d'avoir des "emplois du temps à trous"
Une nouvelle organisation entraîne nécessairement un nouvel emploi du temps. Or, la part prise par les disciplines de spécialité et la refonte des classes mêlant dorénavant des lycéens au cursus très dissemblables interrogent proviseurs et professeurs. La perspective de plannings "à trous" inquiète particulièrement.
Le syndicat SNES-FSU, qui cumule le plus grand nombre d'adhérents, a ainsi dénoncé: "La mise en place de 'triplettes librement' choisies va obliger les lycées à aligner les horaires de nombreuses disciplines, pour permettre des combinaisons diverses. Le résultat ? Des contraintes très fortes sur l'ensemble des horaires. A la clé, des emplois du temps à trous, sur l'ensemble de la semaine, avec très peu de possibilité de demi-journées libérées".
- Le bac se réforme, avec de nouvelles épreuves dès la première
Au début de l'été 2021, le bac présentera un visage complètement revu et corrigé. Mais dès cette année 2020, les élèves de première essuieront les plâtres. C'est là l'autre grand chantier de la réforme. Le nouveau barème ménageant 40% de contrôle continu en plus des 60% dévolus aux épreuves de français, philosophie, à deux disciplines de spécialité et un grand oral, ils devront se tenir prêts dès cette année.
Mais sur ces 40% de contrôle continu, seuls 10% relèveront de leurs bulletins de première et de terminale. Les 30% restant seront liés à deux sessions d'"épreuves communes", mises en place par les établissements eux-mêmes, c'est-à-dire d'examens portant sur l'histoire-géographie, les langues, les mathématiques et l'enseignement scientifique. Ils testeront les connaissances tirées de l'enseignement de leur troisième spécialité via une troisième session.
La profusion de ces épreuves communes sème là aussi le trouble. "Nous ne voulons pas que nos lycées se transforment en mini-centres d’examens trois fois dans l’année, ce qui nous empêcherait de maintenir les cours pour les classes non concernées par les épreuves", a ainsi posé Philippe Vincent, secrétaire général du syndicat national des personnels de direction de l'Éducation nationale, auprès de 20Minutes.fr.
De surcroît, l'obligation de faire viser les copies par d'autres professeurs que ceux ayant habituellement la charge des élèves concernés, sans quoi l'anonymat de l'exercice serait en péril, fait craindre des problèmes d'effectifs.
- Un comité de suivi est mis en place
Jean-Michel Blanquer a multiplié les rencontres avec les syndicats enseignants ces dernières semaines afin d'assurer le service après-vente de sa réforme du lycée et d'apaiser les tensions avec des professeurs qui ont déposé plusieurs préavis tout au long du mois de septembre. Il a également mis sur pied un "comité de suivi" pour penser d'éventuels aménagements de la réforme.