Coronavirus: 70% des cas graves en France sont des hommes

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Selon les chiffres révélés lundi soir par le ministère de la Santé 860 personnes sont décédées en milieu hospitalier à cause du coronavirus en France. Parmi elles, 497 sont des hommes, soit 57,8% des victimes selon Santé Publique France.
Un taux anormalement élevé, quand on sait la gente masculine ne représente que 48,3% de la population française selon l'INED.
Le constat est le même lorsqu'on regarde le profil des 8673 personnes hospitalisées en France: 4882 sont des hommes, soit 56,3% d'entre eux.
Davantage d'hommes en soins intensifs et en réanimation
Plus intriguant encore, la part masculine est encore plus large parmi les cas les plus graves de coronavirus. Parmi les 2080 personnes placées actuellement en soins intensifs ou en réanimation, 1465 sont des hommes, soit un taux de plus de 70%.
Le constat n'est pas nouveau, mais c'est la première fois qu'il se vérifie à l'échelle française. En février déjà, le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies avait publié des conclusions similaires. Selon leur étude, le taux de mortalité du Covid-19 était de 2,8% pour les hommes et "seulement" 1,7% pour les femmes.
Le SRAS et le MERS étaient déjà plus virulents à l'égard des hommes
Le constat était déjà le même pour les précédents coronavirus. Le New York Times rappelle qu'en 2003, le taux de mortalité du SRAS chez les hommes était 50% plus élevé que celui des femmes. Même chose pour le MERS, au Moyen-Orient, dont le taux de mortalité était de 32% chez les hommes et "seulement" 25% chez les femmes.
Toujours dans le New York Times, Sabra Klein, une scientifique travaillant à l'Université Johns Hopkins, explique ces différences entre hommes et femmes.
"C'est un schéma que nous avons observé avec de nombreuses infections virales des voies respiratoires: les hommes peuvent avoir de moins bons résultats. (...) Nous l'avons déjà vu avec d'autres virus, le système immunitaire des femmes les combattent mieux."
Comment expliquer ces différences ?
Les recherches sur ce sujet étant encore très récentes, les raisons ne sont pas encore véritablement expliquées. Certains scientifiques pensent que ces écarts sont liés aux comportements différents des hommes en société. Ces derniers seraient en moins bonne santé (diabète, tabagisme) et auraient aussi tendance à faire moins attention aux coronavirus que les femmes - qui se laveraient par exemple beaucoup plus les mains. Mais ces éléments relèvent de l'hypothèse.
D'autres scientifiques semblent cependant relier cette "force" du système immunitaire féminin à l'œstrogène, une hormone sécrétée par l’ovaire, qui pourrait jouer un rôle protecteur. Selon la chercheuse Sabra Klein, la contrepartie de cet "atout" serait que les femmes soient beaucoup plus sensibles aux maladies comme le lupus ou la polyarthrite rhumatoïde - dont 80% des malades sont des femmes.