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Contestation sociale: les étudiants se joignent aux cheminots

Etudiants et cheminots ont défilé ensemble dans les rues de plusieurs villes de France.

Etudiants et cheminots ont défilé ensemble dans les rues de plusieurs villes de France. - Bertrand Guay - AFP

Des étudiants de Paris, Montpellier ou Toulouse ayant voté le blocage de leur fac ont rejoint ce mardi le mouvement social engagé par les cheminots qui protestent pour la sauvegarde de leur statut ou contre l'ouverture à la concurrence.

La contestation sociale prend de l'ampleur. Alors que les cheminots ont débuté leur mouvement de grève ce mardi, plusieurs universités sont touchées par des blocages votés en assemblée générale (AG). Les étudiants protestent contre la réforme Vidal, qui modifie les conditions d'accès aux études universitaires. Afin de renforcer leur action, ils ont décidé de se joindre aux cheminots.

"On sort d’une AG qui a reconduit d’une très grande majorité le blocage de la fac, et là, on rejoint les cheminots, parce que les attaques du gouvernement, ce sont des attaques suivies contre l’ensemble des secteurs de la société, et on pense que le meilleur moyen de mettre fin à ces attaques, c’est que les étudiants se joignent aux cheminots, mais aussi aux salariés du nettoyage, aux éboueurs, aux salariés d’Air France, bref tous ceux qui se mobilisent et font valoir leurs droits", a expliqué sur BFMTV un étudiant de la fac de Tolbiac à Paris.

Etudiants et cheminots manifestent ensemble

Au site de Tolbiac de la fac parisienne Panthéon-Sorbonne, les 1800 étudiants réunis en AG ont voté ce mardi midi un blocage illimité et indéterminé du campus, et doivent se réunir lundi prochain pour décider de la suite du mouvement. En attendant, ils ont également pris la décision de rejoindre la manifestation parisienne des cheminots, de la gare de l'Est à la gare Saint-Lazare, où ils ont été rejoints par des fonctionnaires du service public et des salariés d'Air France. La fédération de syndicats SUD-Rail a d'ailleurs appelé à une "véritable convergence (...) afin de riposter et d'imposer un rapport de force important et généralisé".

Les deux mouvements de contestation se sont unifiés dans un rassemblement commun également à Montpellier. L'université héraultaise a rouvert dans la matinée, après les violences de la nuit du 22 au 23 mars, où une dizaine d'hommes cagoulés et armés de bâtons et de pistolets à impulsion électrique avaient violemment expulsé d'un amphithéâtre de la faculté, des étudiants, syndicalistes et militants hostiles à la réforme Vidal sur l'accès à l'université.

Le spectre de Mai 68

A Lyon, environ 700 cheminots et manifestants ont manifesté main dans la main, selon France 3. A Toulouse, le cortège était également composé d'employés de la SNCF et d'étudiants. Idem pour Nantes. "On se rappelle de Mai 68, ça commence aussi comme ça. Avec Nanterre fermée, avec un conseil de discipline convoqué le 6 mai pour un certain Daniel Cohn-Bendit, avec la Sorbonne évacuée le 3 mai... C'est ça qui a fait basculer le mouvement dans la radicalité et la légitimité", se souvient notre éditorialiste Christophe Barbier.

Toulouse, Strasbourg, Orléans, Clermont-Ferrand, Bordeaux, Limoges, Saint-Denis, Rouen et Caen sont ainsi concernés par la protestation des étudiants mobilisés contre la loi Orientation et réussite des étudiants, définitivement adoptée au mois de février par le Parlement. Le texte instaure la nouvelle plate-forme Parcoursup; les syndicats d'étudiants et d'enseignants y voient une forme de sélection déguisée. Le système prévoit pour les lycéens de compléter leur CV, ainsi qu'un "projet de formation motivé", lettre de motivation de 1500 signes spécifique à chacune des formations. L'université pourra alors dire "oui" ou "non" aux voeux de l'élève ou "oui si", ce qui lui imposera de suivre "un parcours personnalisé" pour intégrer la filière souhaitée.

Justine Chevalier