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Comment parler des émeutes et des récentes violences aux enfants?

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Les spécialistes recommandent de ne pas cacher la vérité aux enfants et de leur expliquer la situation, alors que le sujet est devenu quasiment inévitable, même pour les plus jeunes.

Ils entendent les conversations, en discutent dans les cours de récréation, voient les dégâts dans les rues voire entendent les tirs de mortiers et les sirènes durant la nuit... Peu d'enfants peuvent passer à côté de la série de violences qui touche le pays depuis la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier à Nanterre. Comment expliquer la situation aux plus jeunes sans les surprotéger, mais sans non plus provoquer chez eux des peurs?

Relation de confiance

Il peut être tentant pour certains parents, par facilité ou pour les épargner, de cacher la vérité aux enfants, en expliquant, par exemple, que les détonations entendues sont seulement des feux d'artifice festifs.

"Nos enfants sont loin d'être idiots, aujourd'hui, ils sont informés", remarque sur BFMTV Robert Zuili, psychologue clinicien.

Selon lui, si les parents refusent de "traiter l'information", cela peut rompre une relation de confiance avec l'enfant. "C'est là que se joue un enjeu important qui est le premier niveau de défiance dans la famille: quand les parents ne font pas confiance car ils considèrent que l'enfant n'est pas apte à comprendre", poursuit le spécialiste.

Accueillir les questions et inquiétudes

"Or, très tôt, les enfants sont capables de comprendre les choses si on leur explique simplement", ajoute Robert Zuili. En effet, il est nécessaire d'adapter les mots et la forme à l'âge de l'enfant, tout en jaugeant en amont son niveau de connaissance sur les récents événements.

"Parfois, on se rend compte qu'il y a un monde entre ce qu'ils ont compris et la réalité ce qui peut mener à des situations", explique à BFMTV Caroline Tual, interne en pédopsychiatrie à l'Établissement public de santé mentale (EPSM).

Il est important d'écouter l'enfant et de pouvoir répondre à ses interrogations en établissant "un lieu d’accueil psychique de ses affects et de sa parole", d'autant plus que certains se voient directement concernés par la fermeture d'une école ou l'annulation, par exemple, d'une kermesse.

"Donner du sens"

En outre, selon Robert Zuili, il est important de "donner du sens, d'expliquer qu'il y a des situations sociales qui sont complexes".

Les spécialistes jugent primordial le fait de distinguer dans les explications des parents les revendications, légitimes, la colère face à la mort d'un jeune de 17 ans, et l'expression de cette colère par certains, qui, lorsqu'elle prend une forme violente, n'est "pas acceptable".

Salomé Robles