Colère des policiers: "On n'a pas été totalement entendu", regrette un syndicaliste

Des milliers de policiers "fatigués" et en "colère" ont manifesté mercredi devant le ministère de la Justice et en province. Ils jugent Christiane Taubira directement responsable des récentes évasions et d'une fusillade qui a laissé un des leurs entre la vie et la mort la semaine dernière.
Sur un autre front, les avocats ont débuté mardi une grève, refusant de désigner des commis d'office, pour protester contre la réforme de l'aide juridictionnelle, tandis que les surveillants de prison prévoient une manifestation le 22 octobre pour réclamer plus de moyens.
Le rassemblement exceptionnel des policiers a poussé Manuel Valls à monter en première ligne pour répondre à leur malaise annonçant des mesures visant à "alléger" la gestion de la garde à vue et des enquêtes, une revendication ancienne des forces de l'ordre, et à durcir les peines pour le trafic d'armes. Il a aussi fait part de son souhait d'"éviter" les permissions de sorties de détenus sans "nécessité avérée".
"J'entends donc la colère des policiers, des gendarmes, j'entends leur malaise", a-t-il déclaré, flanqué de ses ministres de l'Intérieur et de la Justice, Bernard Cazeneuve et Christiane Taubira. "Le message des manifestants est pris au sérieux", a-t-il martelé, tout en refusant toute "rupture" entre police et justice.
"Partiellement entendu mais pas totalement"
"On a l'impression d'avoir été partiellement entendu mais pas totalement", a réagi mercredi Nicolas Comte au micro de BFMTV. La simplification procédure pénale fait partie des mesures annoncées qui vont dans le "bons sens" selon le porte-parole du syndicat Unité SGP police-FO. Le renforcement des peines pour lutter contre le trafic d'armes ne lui semble en revanche pas une priorité, il préfère que les peines prononcées soient appliquées.
"Limiter les permissions de sortie des détenus, c'est ce qu'on réclamait", rappelle-t-il. Il estime en revanche qu'elles ne doivent pas être réalisées par la police nationale. Manuel Valls a indiqué qu'elles seraient assurées par la police et l'administration pénitentiaire comme c'est déjà le cas.
"On attendait une prise de conscience"
Répondant à l'une des principales revendications des manifestants, le président François Hollande recevra par ailleurs les syndicats de police et de justice la semaine prochaine.
"On attendait une prise de conscience et des améliorations qui ne pouvaient pas passer que par la mobilisation du ministre de l'Intérieur ou que par la mobilisation de la ministre de la Justice. L'efficacité de la police et sa capacité à remplir sa mission c'est une chaîne qui va des policiers jusqu'aux magistrats et le fait que ce soit le président de la République qui prenne la main, c'est une manière de montrer que nous avons été entendus", a expliqué à BFMTV Céline Berthon, du syndicat des commissaires de la police nationale.
"Un inventaire qui part dans tous les sens"
La secrétaire générale du syndicat des magistrats FO s'est elle aussi dite satisfaite que le gouvernement "prenne la mesure du problème" mais demeure sceptique. Béatrice Brugère juge que certaines mesures sont "intéressantes", pour d'autres, il faudra "voir le détail et la mise en forme".
La vice-procureur de la République au TGI de Paris rappelle que lors de la récente réforme pénale, son syndicat avait déjà alerté sur la complexification de la procédure pénale.
Elle se demande par ailleurs s'il y a "derrière cet inventaire une véritable vision politique" et craint un "simple exercice de communication".