Bac: à deux semaines des premières épreuves, les lycéens entre stress et inquiétude

Des candidats au baccalauréat (photo d'illustration) - Frederick Florin - AFP
"Je suis plutôt une bonne élève, j'ai eu de très bonnes notes toute l'année mais là, je ne suis pas du tout rassurée." Julia, une lycéenne parisienne, confie à BFMTV.com son stress à l'approche des épreuves de spécialité, nouveauté de la réforme du bac.
L'année dernière, cette toute première série d'épreuves avait été annulée pour être évaluée au contrôle continu en raison de la pandémie. Cette année, ces épreuves qui devaient initialement se tenir au mois de mars ont été reportées en raison du contexte sanitaire difficile. Elles auront lieu dans un peu plus de deux semaines, c'est-à-dire du 11 au 13 mai prochains.
"Je n'ai plus du tout confiance en moi"
Julia est inquiète car elle reste marquée par son épreuve écrite de français l'année dernière, alors qu'elle était en première, qui s'est mal passée. La jeune fille qui était "première de sa classe", assure-t-elle, avec une moyenne de 18/20 dans cette matière, a écopé le jour J d'un 7/20.
"Les deux thèmes qui sont tombés étaient les deux thèmes qui ont été traités en distanciel ou rapidement en fin d'année", explique Julia. "Je n'ai pas forcément peur de ne pas avoir le bac mais je sais que rien n'est acquis et qu'on peut se faire piéger. Je n'ai plus du tout confiance en moi."
La lycéenne craint notamment les exercices d'histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP), l'une de ses deux spécialités avec sciences économiques et sociales (SES). Concrètement, il s'agit de rédiger une dissertation ainsi qu'une étude critique de documents en quatre heures.
"Je m'en suis rendu compte lors du bac banc", s'affole Julia. "Après la dissertation, il faut se remobiliser et se remettre dans un autre exercice, pour enchaîner, de nouveau repenser un plan. Ça demande un gros effort."
"J'ai paniqué"
Si Julia estime tout de même avoir les connaissances suffisantes, ce n'est pas le cas de Thibault. Il estime ne pas être suffisamment préparé. Cet élève de terminale de Seine-et-Marne qui a également choisi pour spécialités HGGSP et SES a notamment l'impression de n'avoir "rien retenu" de son année de première.
"Cette année, on a pu boucler les programmes grâce au report des épreuves", confie-t-il. "Mais en HGGSP, il y a beaucoup de concepts à mettre en application, à faire résonner avec le tronc commun d'histoire-géographie. Le bac blanc s'est bien passé mais je me méfie."
Car lui aussi s'est planté l'année dernière à l'épreuve anticipée de français. Une "cata", se rappelle-t-il: 7/20 à l'écrit. "Je me dit que j'ai raté le français et que donc je n'ai pas le droit à l'erreur, que je suis sur la sellette."
C'est notamment pour cette raison qu'il a renoncé à tenter des études supérieures de sciences politiques auxquelles il aspirait, "de peur de ne pas être à la hauteur". Car le jeune homme a beaucoup stressé en début d'année, à tel point qu'il a ressenti le besoin de consulter un psychologue.
"Je n'ai jamais eu de souci à l'école mais avec la demi-année scolaire qu'on a eu l'année dernière, l'enseignement à distanciel, la pandémie, les nouveaux programmes, le nouveau bac, Parcoursup, cet esprit de compétition entre les élèves, j'ai paniqué."
"Je ne suis absolument pas prête"
Lila, quant à elle, se dit "désemparée" face à la tâche qui l'attend. Cette Bretonne inscrite au Cned qui passera un baccalauréat STMG en candidate libre entamera début mai un long tunnel de treize épreuves du bac, dont celles de ses deux spécialités (droit et économie ainsi que management, sciences de gestion et numérique).
"C'est injuste par rapport aux autres lycéens qui eux ont droit au contrôle continu", déplore-t-elle pour BFMTV.com. "Je pensais y être éligible et en fait non. Pour nous, les candidats libres, c'est une charge de travail énorme."
Si elle se rassure en se rappelant qu'elle a été assidue toute l'année dans son travail, elle passera néanmoins les quinze prochains jours à réviser intensément. Camille Lecomte, en terminale à Angers et secrétaire générale du Mouvement national lycéen, l'affirme: "Je ne suis absolument pas prête." Elle n'a pas encore bouclé le programme de l'une de ses spécialités (en l'occurrence HGGSP, avec humanités, littérature et philosophie).
"Notre professeure a été absente un mois et demi et n'a pas été remplacée", nous témoigne-t-elle. "Il y a tout un chapitre qu'on a travaillé en autonomie et un autre chapitre qu'on n'a pas encore fini. J'ai peur de me retrouver face à un sujet que je n'ai pas vu. On sait qu'on n'a pas vu tout le programme, on sait qu'on sera désavantagés."
Elle se dit "débordée" dans son programme de révisions. Car à côté des enseignements de spécialité, il faut aussi travailler les autres disciplines de tronc commun évaluées au contrôle continu. "L'année dernière c'était différent. J'ai vraiment peur de ce que va donner ce bac."