"Aussi absurde qu'affligeant": au programme du bac, l'écrivaine Sylvie Germain répond aux élèves qui l'insultent

L'autrice Sylvie Germain au "Monde des Livres", le 3 octobre 2009 - Miguel MEDINA - AFP
Des réactions à la hauteur de leur "immaturité". L'écrivaine Sylvie Germain dénonce mardi dans une interview au Figaro les insultes dont elle a été victime ces derniers jours sur les réseaux sociaux de la part de lycéens, après qu'un de ses textes avait été mis au programme du baccalauréat la semaine passée.
"C’est grave que des élèves qui arrivent vers la fin de leur scolarité puissent montrer autant d’immaturité, et de haine de la langue, de l’effort de réflexion autant que d’imagination, et également si peu de curiosité, d’ouverture d’esprit", dénonce l'autrice.
L'écrivaine a été visée par de nombreux messages d'insultes et de montages photos moqueurs, après qu'un extrait de son roman Jours de colère, paru en 1989, a été proposé lors de l'épreuve de commentaire de texte pour l'épreuve anticipée de français pour la classe de Première.
"Ils veulent des diplômes sans aucun effort"
Visiblement décontenancée par la violence des réactions à son encontre, Sylvie Germain dénonce la réaction des élèves de Première à son encontre, tout en refusant de céder à la colère.
"Ils veulent des diplômes sans aucun effort, se clament victimes pour un oui pour un non et désignent comme persécuteurs ceux-là mêmes qu’ils injurient et menacent. Quels adultes vont-ils devenir? (...) Tout ceci est aussi absurde qu'affligeant", tance-t-elle.
Malgré le torrent d'insultes, l'autrice affirme prendre du recul face à cette situation et garder la tête froide. "Je ne suis qu’un prétexte, je ne me sens pas concernée personnellement", rassure la romancière.
L'écrivaine pas prévenue à l'avance
La réaction des lycéens était d'autant plus inattendue pour Sylvie Germain qu'elle n'avait pas été prévenue à l'avance que l'un de ses textes avait été choisi pour le baccalauréat, afin de "préserver la confidentialité de l'épreuve".
"J’ai été étonnée, et touchée par le choix d’un de mes livres, et aussi légèrement perplexe devant cet extrait peut-être peu évident hors contexte", reconnaît-elle.
Se refusant à donner tout conseil particulier sur la façon d'aborder son texte, elle encourage simplement les élèves à "penser par eux-mêmes et à "aimer les mots".