Attentats de Paris: deux hommes avouent qu'ils devaient attaquer le Stade de France

Le stade de France - AFP
Le Monde, dans la foulée des Américains du Washington Post le 22 avril dernier, révèle la trajectoire de Adel Haddadi, algérien de 29 ans, et de Muhamad Usman, un Pakistanais de 22 ans. Les deux hommes détenus en Autriche depuis le mois de décembre 2015 avaient été missionnés par l’Etat islamique (EI) pour orchestrer une tuerie de masse en France.
A l’origine, ils auraient même dû participé aux attentats de Paris et Saint-Denis aux côtés des deux frères irakiens qui se sont fait exploser aux alentours du stade de France et qu’ils ont accompagnés jusqu’en Grèce. Ils constituent donc en un sens le quatrième commando du 13 novembre.
Repérés lors d'un contrôle
L’histoire d’Haddadi commence le 15 février 2015. A cette date, il quitte l’Algérie en avion et rejoint Istanbul d’où il rejoint la Syrie. Là, il apprend le maniement des armes dans un camp situé à Raqqa (la capitale de l’EI). Il est également mis en contact avec Muhamad Usman par un certain Abou Ahmad, mystérieux responsable du califat dont le nom revient fréquemment depuis le démantèlement de la cellule terroriste de Verviers (en Belgique) après les attentats de janvier 2015. Ce dernier remet aux deux hommes de l’argent et des téléphones et leur ordonne de quitter la Syrie pour pénétrer en Europe, fondus dans la masse des réfugiés, et commettre un attentat.
Haddadi, Usman et les deux djihadistes irakiens partent de Syrie en septembre. Ils traversent la Turquie et, en attendant de passer en Grèce moyennant les 1.100 dollars donnés à chacun par Abou Ahmad, le petit groupe échappe même à un raid de la police locale.
Ils sont finalement repérés en mer quelques heures plus tard par la marine grecque et amenés sur l’île de Leros. Les policiers grecs présents sur place découvrent que les passeports d’Haddadi et Usman sont factices et les placent en détention. Les futurs terroristes du stade de France, pourtant pas mieux équipés, réussissent eux à passer.
Objectif: la France
Coincés dans les geôles hellènes, ils contactent leur mentor, Abou Ahmad qui leur fait parvenir 2.000 euros par Western Union et les informe que leur destination est la France. Remis en liberté le 28 octobre, ils reprennent la route et demandent asile en Autriche…le 14 novembre. C’est l’attentat-suicide de leurs anciens frères d’armes à Saint-Denis qui va alors précipiter leur perte.
La police française met la main sur les faux passeports syriens des deux morts et note que les terroristes ont transité par l’île de Leros. Elle se met alors en relation avec la maréchaussée grecque pour établir l’identité des migrants ayant posé le pied sur l’île le même 3 octobre 2015. Il ne faut pas longtemps pour lier Haddadi et Usman à l’affaire. Haddadi passe au aveux le premier en février dernier, après plusieurs semaines d’interrogatoires.