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Après un vote en faveur d'un départ du Grand Est, l'Alsace peut-elle redevenir une région?

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Lors d'une consultation citoyenne sans valeur juridique, 92,4% des plus de 150.000 Alsaciens y ayant participé se sont exprimés pour un départ de la région Grand Est.

Du 20 décembre au 15 février, les Alsaciens étaient invités, dans le cadre d'une consultation citoyenne, à répondre à la question suivante: "L'Alsace doit-elle sortir du Grand Est pour redevenir une région à part entière?". "Oui", ont-ils massivement répondu. Sur les 153.844 bulletins validés, 92,4% se sont exprimés en faveur d'une telle démarche, selon les résultats présentés par les organisateurs ce lundi matin à Colmar (Haut-Rhin).

La France s'apprête-t-elle à voir son nombre de régions passer de 13 à 14 à la suite de la votation des Alsaciens? Pas si sûr, car malgré ce score sans appel, cette consultation n'a aucune valeur juridique. Pour le président de la collectivité européenne d'Alsace Frédéric Bierry, à l'origine de cette démarche, l'objectif était avant tout d'interpeller les candidats à la présidentielle sur le sujet, comme le rapportent les Dernières Nouvelles d'Alsace.

Velléités territoriales

Pour bien comprendre l'origine de cette votation, il faut effectuer un retour en arrière, plus précisément au 16 janvier 2015, date de promulgation de la loi "relative à la délimitation des régions, aux élections régionales et départementales et modifiant le calendrier électoral".

Dans ce texte voulu par François Hollande dans une volonté de simplification du "mille-feuille territorial" français et d'économies, l'Alsace, comme d'autres régions, est absorbée dans une entité plus grande. Dans son cas, elle rejoint la région Grand Est, aux côtés de la Lorraine et de la Champagne-Ardenne.

À l'époque, 1600 Alsaciens s'étaient déjà rassemblés à Strasbourg, armés de drapeau blanc et rouge et de coiffes traditionnelles, pour protester contre cette fusion et affirmer les particularités locales.

Depuis, bien que l'Alsace n'ait pas retrouvé son particularisme administratif, du chemin a été parcouru. Le 1er janvier 2021 a ainsi vu la création de la collectivité européenne d'Alsace, remplaçant au sein du Grand Est les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, et dotée de compétences particulières, notamment concernant la coopération transfrontalière et le bilinguisme.

Pas suffisant pour les organisateurs de la votation de ce début d'année, qui souhaitent revoir flotter le drapeau alsacien dans la liste des régions françaises.

"L'Alsace, c'est l'Alsace, et on voudrait rester l'Alsace", a ainsi détaillé au micro de BFMTV un Strasbourgeois.

"Une débauche d'argent"

Mais tous les Alsaciens ne partagent pas ces velléités territoriales, tout comme le gouvernement, qui refuse de revenir sur la loi de 2015.

"Les autres régions ne disent rien, mais en Alsace... Je vous le dis franchement, je ne comprends pas pourquoi", a ainsi détaillé une autre Strasbourgeoise interrogée par BFMTV. Un scepticisme qui semble se confirmer dans les urnes. Car les 153.844 bulletins validés concernant la consultation sur la sortie du Grand Est signifient en réalité que seulement un Alsacien sur 13 a décidé de s'exprimer sur le sujet. Selon les chiffres de l'Insee, le Haut-Rhin et le Bas-Rhin regroupent ensemble près d'1,9 million d'habitants.

Face à ces chiffres, Valérie Debord, vice-présidente LR de la région Grand Est, dénonce une consultation citoyenne qui s'apparente en réalité à "une débauche d'argent".

"On voit bien qu'aujourd'hui, les gens, ça ne les intéressent pas. Il serait temps de passer à autre chose", estime-t-elle à notre micro.

Des critiques qui ne semblent pas atteindre Frédéric Bierry. Après l'annonce des résultats de la consultation, il a évoqué "un jour si particulier pour l'Alsace".

Jules Fresard