Abattoirs: trois établissements à l’arrêt après les contrôles ordonnés par le ministère de l’Agriculture

L'association L214 a publié mercredi 29 juin de nouvelles vidéos filmées dans deux abattoirs du sud de la France, montrant plusieurs animaux subissant des sévices. - Capture d'écran - Association L214
Deux jours après la publication de nouvelles vidéos choc, tournées clandestinement dans deux abattoirs du sud de la France, les conclusions de l’enquête effectuée à la demande du ministère de l’Agriculture dans tous les établissements français était très attendues. Publiée à la mi-journée, sa synthèse dresse un tableau précis des irrégularités constatées.
"Ces inspections avaient pour objectif d’évaluer le niveau de maîtrise de la protection des animaux depuis le déchargement des animaux, jusqu’à leur abattage", rappelle tout d’abord le document. Réalisées en avril 2016, les inspections en question ont eu lieu dans les 259 établissements de France métropolitaine et d’Outre-mer, qui regroupent au total 460 chaînes d’abattage d’animaux de boucherie. Un abattoir pouvant en effet comporter plusieurs chaînes.
Dans 20% seulement de ces inspections, la maîtrise du niveau des risques a été jugée "satisfaisante". Elle est jugée "acceptable" dans 49 % des cas. Le niveau de maîtrise de risque a enfin été jugé "insuffisant" dans 31% des inspections.
Des défauts dans l'étourdissement des animaux
Dans la plupart des cas, les non-conformités les plus graves sont des défauts dans l’étourdissement des animaux. "Défaut de l'efficacité de l'étourdissement pour les moutons, équipements de la chaîne obsolètes ou inadaptés à l’espèce abattue", précise le rapport.
Dans les différentes vidéos de l’association L214, qui milite pour la fermeture des abattoirs, on pouvait voir des animaux reprendre conscience quelques secondes avant d’être achevés et se débattre, alors qu’ils étaient censés avoir été étourdis. On apercevait aussi un employé tentant d'électrocuter d'un cochon et devant s'y prendre à de nombreuses reprises. Cela implique une plus grande souffrance pour l’animal, et un manquement par rapport aux réglementations en vigueur, qui précisent que toute détresse de l'animal doit être évitée.
Comme le souligne le rapport, les cas de non-conformités les plus fréquents concernent aussi un manque de documentation. Dans le cas de l’étourdissement par exemple, cela se traduit par le fait que la maintenance des appareils d’étourdissement est réalisée, mais qu’aucune preuve de cette maintenance ne peut être apportée par l’établissement.
Des sanctions ont été prises
Dans les chaînes ou établissements où ces non-conformités ont été constatées, plusieurs sortes de sanctions ont été prises par le ministère, qui précise que "la plus grande fermeté a été appliquée par les services d’inspections."
"Les non-conformités les plus graves ont donné lieu à des suites immédiates pouvant aller jusqu'à l'arrêt de l'activité. Elles concernaient moins de 5% des chaînes inspectées (19 chaînes). 107 avertissements ont été donnés et 87 exploitants ont été mis en demeure d’apporter des corrections à leur système, dans un délai fixé par l’administration en fonction de la nature de l'action corrective à apporter (structure, formation, etc.)", énumère le rapport.
Trois établissements mis à l'arrêt
Enfin, dans trois établissements, ces inspections ont donné lieu à une suspension ou un retrait pur et simple de l’agrément. Ces établissements ont donc dû arrêter, de façon temporaire ou définitive, leur activité.
"L'analyse du bilan montre qu'une majorité d'établissements a été jugée conforme, mais également que des progrès restent à faire sous le contrôle des services d'inspection", conclut le document.