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Santé

Urgentistes et médecins en grève pour les fêtes de fin d'année dès ce lundi

Le monde médical va subir de nombreuses grèves, dès ce lundi.

Le monde médical va subir de nombreuses grèves, dès ce lundi. - Fred Dufour - AFP

Plusieurs professionnels du monde médical ont un "coup de gueule" à pousser. Dès ce lundi et pour au moins toute la période des fêtes de fin d'année, urgentistes et médecins généralistes seront en grève. Tout ce qu'il faut savoir sur ce mouvement.

De nombreuses grèves pour Noël. Plusieurs professionnels du monde médical se mobilisent, dès ce lundi et au moins sur toute la période des fêtes, avec des revendications disparates: urgentistes, généralistes et spécialistes débutent une grève, malgré la volonté d'ouverture affichée par la ministre de la Santé, Marisol Touraine.

Grève illimitée pour les urgentistes

Les urgentistes seront les premiers à débuter leur mouvement lundi. Ils sont appelés à une grève illimitée par l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), qui table sur une mobilisation massive avec "80% de grévistes".

Toutefois, les patients ne seront pas livrés à eux-mêmes dans des hôpitaux désertés: les urgentistes pouvant être assignés, la grève consistera surtout à porter un "badge" et les effectifs ne seront pas diminués, rappelle Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Amuf.

Dénonçant des conditions de travail pénibles, les urgentistes réclament la réduction de leur temps de travail à 48 heures hebdomadaires, contre une soixantaine actuellement, ainsi que la valorisation de leurs heures supplémentaires et l'harmonisation des rémunérations pour les gardes.

"Un coup de gueule"

Des revendications qui n'"ont rien à voir" avec la loi santé, et que "soutiennent" des intersyndicales hospitalières. Le syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (SNPHAR-E), appelle également à une grève de la permanence des soins à compter de lundi.

"C'est un coup de gueule des médecins de l'hôpital public qui en ont marre de répondre présents à chaque crise sanitaire, que ce soit les mouvements de grève des libéraux, la canicule ou je ne sais quoi encore", explique Yves Rébufat, président du SNPHAR-E. 

Au ministère, on indique que "les échanges avec les urgentistes se poursuivent" avec "la volonté d'éviter la grève". Déjà fortement sollicités pendant les fêtes, les services d'urgences risquent de l'être encore plus en raison de la grève des médecins libéraux qui débutera mardi, alors que se profilent des épidémies de grippe et de gastroentérite

Des médecins obligés de renoncer à leurs congés

Pour parer à l'éventuel afflux de patients, certains hôpitaux ont demandé à leurs médecins de renoncer à leurs congés, concède Gérard Vincent, délégué général de la Fédération hospitalière de France. De quoi raviver la colère des urgentistes, "déjà souvent sur la corde raide", selon lui.

Dès le 23 décembre, les généralistes libéraux sont invités à fermer leurs cabinets et à faire la grève des gardes par leurs principaux syndicats MG France, la Fédération des médecins de France et le syndicat des médecins libéraux. La puissante Confédération des syndicats médicaux français (CSMF, généralistes et spécialistes) appelle elle à démarrer le 24 décembre, jusqu'au 31.

Dans le collimateur des médecins, certains points du projet de loi santé, comme la possibilité pour les pharmaciens de vacciner les patients ou la généralisation du tiers payant d'ici 2017 (dispense d'avance de frais), dont les contraintes techniques font craindre des retards de paiement.

Marisol Touraine se montre ouverte

La ministre s'est pourtant montrée ouverte au dialogue. Après avoir relancé les concertations avec les professionnels en décembre, Marisol Touraine a annoncé le report de l'examen du texte par le Parlement au printemps, envisagé la réécriture de certains points et promis des garanties sur le tiers payant.

Mais "la loi santé n'est qu'un chapitre du mécontentement des généralistes", selon Claude Leicher, président de MG France, mécontent de s'être vu opposer "une fin de non-recevoir" sur la revalorisation de la consultation à 25 euros, l'une des principales revendications des généralistes.

Les cliniques privées également touchées?

Outre la CSMF, d'autres syndicats de spécialistes ont appelé à garder porte close pour la même période, dont les cardiologues, les radiologues ou encore les pédiatres.

Leur grève pourrait affecter le fonctionnement des cliniques privées où exercent certains de ces praticiens, prévient Lamine Gharbi, président de la Fédération hospitalière privée (FHP), qui a annoncé que les interventions "non urgentes" pourraient être transférées à l'hôpital public.

Au ministère, on assure que les précautions nécessaires sont déjà prises au niveau des Agences régionales de santé pour réquisitionner les médecins en fonction des besoins. Les patients "trouveront à se faire soigner" pendant les fêtes, a promis Marisol Touraine.

Mais le mécontentement ne faiblira pas avec la nouvelles année: la FHP, remontée elle aussi contre le projet de loi santé, appelle les cliniques à une grève illimitée à partir du 5 janvier. 

Jé. M. avec AFP