Une Toulousaine veut créer des masques pour aider les sourds

L'idée est venue alors que le port du masque se généralise. - AFP
Créer un masque pour aider les personnes sourdes ou malentendantes alors que le port du masque va se généraliser avec l'allègement des mesures de confinement. C'est l'idée qu'Anissa, une Toulousaine de 30 ans, a eu. Elle en a fabriqué un prototype d'une protection permettant de voir la bouche du porteur, grâce à une bande transparente, et ainsi permettre de lire sur les lèvres.
L'idée a germé en avril dernier après une expérience négative de la jeune femme, atteinte d'une "une surdité moyenne bilatérale". A l'occasion d'un passage dans une pharmacie pour acheter un médicament, la Toulousaine s'est rendue compte que le port du masque isolait un peu plus les personnes sourdes ou malentendantes. "J’ai remis l’ordonnance à la pharmacienne et je me suis reculée pour respecter le marquage au sol (1m)", raconte Anissa sur son site. "À un moment donné, la pharmacienne m’a posé une question, malheureusement je ne pouvais lire sur ses lèvres (...)."
Et de poursuivre: "Je lui ai expliqué que je suis sourde et qu’habituellement je lis sur les lèvres mais qu’avec les masques, je ne pouvais pas. Elle a fait l’effort de parler plus fort, ce que j’ai grandement apprécié."
Une situation "stressante"
Anissa raconte ensuite s'être limitée dans ses questions, de crainte de ne pas entendre les réponses de la pharmacienne. Après cette mésaventure, la Toulousaine s'est dit que ces difficultés allait se reproduire avec le port de plus en plus fréquent du masque pour lutter contre l'épidémie de coronavirus.
"Ce genre de situation entraîne un stress, le repli sur soi et petit à petit l’exclusion sociale", écrit-elle encore sur son site internet présentant le prototype qu'elle a conçu.
En respectant les recommandations de l'Afnor, l'Agence française de normalisation, Anissa a créé un premier prototype d'un masque "inclusif" avec une bande transparente permettant de lire sur les lèvres "pour une communication plus fluide". Pour cette partie transparente, la créatrice en maroquinerie a utilisée de l’acétate, fabriquée à partir de cellulose.

15.000 euros récoltés
Elle a également lancé une opération de crownfunding afin de "financer les prototypes, la production, la certification et la distribution sur le marché en France et en Europe", écrit la Toulousaine sur le site Go Fund me. Son objectif de récolter 5.000 euros est largement dépassé puisque plus de 15.000 euros ont déjà été récoltés.
Depuis quelques jours, Anissa travaille avec un fabricant local pour améliorer son prototype. Mieux, elle a déjà reçu des demandes. "Ce masque s'adresse avant tout aux personnes en contact avec du public sourd", rappelle-t-elle dans Le Parisien. "J'ai reçu beaucoup de demandes des orthophonistes, des audioprothésistes ou de professionnels de la petite enfance inquiets de la réaction des enfants face à un masque."