Transferts de patients en Île-de-France: des évacuations reportées faute de patients éligibles

"Des dizaines, voire des centaines" de transferts de patients franciliens en réanimation "dès les prochains jours", annonçait le ministère de la Santé la semaine dernière. Ces évacuations devaient permettre de désengorger les hôpitaux d'Île-de-France, et potentiellement d'éviter un reconfinement dans la région. Mais le projet n'a pas rencontré le succès escompté, notamment en raison du refus des familles de patients éligibles.
Deux trains auraient ainsi dû quitter cette semaine la région avec à leur bord jusqu'à 80 patients Covid dans un état grave. Ils resteront à quai pour le moment, faute de malades.
Quels critères pour être éligible?
Pour être éligible pour une évacuation sanitaire, un malade doit présenter un état intermédiaire: ni trop préoccupant, pour être transféré sans risque, ni trop rassurant, pour éviter qu'un patient se réveille deux jours à peine après son transfert à l'autre bout de la France.
"Tous ceux qui ont besoin d'urgences vitales sont gérés dans les établissements jusqu'au moment où il y a une certaine stabilité au niveau de l'état de santé pour pouvoir ensuite les transférer sur des établissements de province", explique à BFMTV Sandrine Diot, spécialiste du transport sanitaire.
Ces critères réduisent déjà les potentiels candidats: 2 malades sur 31 seulement étaient ainsi concernés pour l'hôpital Bichat (Paris) en début de semaine, selon les informations de BFMTV. À l'hôpital Lariboisière, toujours à Paris, 1 seul malade sur 16 est éligible, mais ce dernier ne sera pas évacué. Le dernier critère pour un transfert est en effet l'accord de la famille du malade, qui dans ce cas-là, a refusé de le donner.
Le refus des familles
"Dans la plupart des cas, ce sont les familles qui refusent parce qu'elles ont l'angoisse de la maladie", expliquait lundi sur notre antenne Yves Cohen, chef du service de réanimation à l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis). "Quand on leur dit que le patient va partir à 500 km d'ici, vous imaginez leur état psychologique."
"C'est tout à fait normal que cela inquiète les familles", abonde sur BFMTV Frédéric Adnet, chef du service des urgences de l'hôpital Avicenne. "Imaginez un de vos proches extrêmement malade, son pronostic vital est mis en jeu, hospitalisé en réanimation, et d'un coup on vous dit qu'il va être transporté à l'autre bout de la France pour libérer un lit." Il souligne toutefois que les hôpitaux ont besoin de ces lits vides pour accueillir de nouveaux patients.
Le nombre de malades dans les services de réanimation n'a cessé d'augmenter ces derniers jours, avec des arrivées quotidiennes de patients. 1177 personnes sont en réanimation en Île-de-France, selon les données de mardi soir, contre 1032 il y a une semaine. Le taux d'occupation des lits, calculé par rapport aux capacités initiales des services, avant la crise, est désormais de plus de 102%.
