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Covid-19: l'Île-de-France se prépare à des transferts massifs de patients

Un malade du Covid-19 est embarqué dans une ambulance en gare de Bordeaux, après son transfert par TGV sanitaire depuis la région parisienne, le 10 avril 2020

Un malade du Covid-19 est embarqué dans une ambulance en gare de Bordeaux, après son transfert par TGV sanitaire depuis la région parisienne, le 10 avril 2020 - MEHDI FEDOUACH © 2019 AFP

Lors d'une traditionnelle conférence de presse sur l'évolution de la pandémie de Covid-19 en France ce jeudi, le ministre de la Santé s'est dit "particulièrement inquiet", devant la dégradation de la situation sanitaire de la région.

"Tous les 12 minutes, un Francilien est admis en réanimation", a alerté jeudi soir Olivier Véran, ministre de la Santé, lors d'une conférence de presse sur l'évolution de la pandémie de Covid-19 dans le pays. En Île-de-France, le taux d'incidence a atteint 352 cas pour 100.000 habitants, et dépasse même les 400 cas pour 100.000 habitants dans le Val-de-Marne (411) et la Seine-Saint-Denis (441), selon le dernier bilan epidémiologique hebdomadaire de Santé Publique France, publié ce jeudi.

Actuellement, 1080 personnes sont hospitalisées en réanimation dans la région, et 94% des lits sont occupés par des patients Covid-19. "Si le rythme continue à être le même, nous dépasserons les 1500 patients Covid en réanimation en Île-de-France à la fin du mois de mars, ce qui correspond à un seuil critique pour les hôpitaux de cette région", a prévenu Olivier Véran.

"Des dizaines, voire des centaines" de transferts de patients se préparent

Pour faire face à cet afflux de malades en réanimation, "des dizaines, voire des centaines" de transferts de patients sont en préparation et pourraient débuter "'dès les prochains jours", indique le ministère. Des patients Franciliens pourront alors être évacués de "l'Île-de-France vers d'autres hôpitaux ou d'autres régions du territoire national", a précisé le ministre de la Santé.

Ce protocole n'est pas anodin. En effet, pour transférer un patient, il faut son accord ou celui de sa famille ainsi que le feu vert de son médecin. Par ailleurs, c'est l'AP-HP qui attribue le nombre de patients par hôpitaux à évacuer. Seuls les cas moins graves sont concernés.

Alors que le gouvernement n'exclut plus de prendre de nouvelles mesures de restrictions dans la région, la décision de transférer des patients hors d'Île-de-France ne fait pas l'unanimité chez les médecins.

"Ces transferts ne sont pas la panacée"

"Nous ne sommes plus en mesure de prendre dans de bonnes conditions les patients en réanimation et les transferts deviennent la solution pour éviter une catastrophe mais on sait que ces transferts ne sont pas la panacée", a affirmé sur notre antenne Djillali Annane, chef du service de réanimation à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, dans les Hauts-de-Seine.

"Si on avait confiné fort en février, on ne serait pas dans cette situation", a regretté de son côté Stéphane Gaudry, professeur au service réanimation de l'hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis).

"Le transfert de patients, c'est une solution extrêmement bonne lorsque nous sommes dans la situation de mars-avril 2020, c'est-à-dire quand on n'a plus le choix, quand on a tout fait pour limiter les choses et qu'on arrive à saturation totale (...) La solution de transférer maintenant des malades, alors qu'on ne fait rien pour limiter l'afflux massif que nous sommes en train de constater, c'est assez étrange", a-t-il estimé sur notre antenne, précisant ne pas "comprendre complètement" la décision de ne pas reconfiner la région.

Selon les informations de BFMTV, l'éventualité de nouvelles mesures de restriction en Île-de-France dépendra de l'évolution de la situation sanitaire des prochains jours. "Un confinement du week-end ou même un confinement total, rien n'est exclu", a reconnu un membre de l'exécutif.

Fanny Rocher