Statu quo, vacances... Quelles sont les alternatives à un nouveau confinement?

Un senior à Strasbourg le 18 mars 2020, pendant le confinement (photo d'illustration) - Patrick Hertzog-AFP
Le pays va-t-il de nouveau être confiné? Alors que les Français ont assisté ces dernières heures à un véritable vaudeville politico-médiatique au cours duquel plusieurs informations contradictoires se sont enchaînées, la question reste encore en suspens.
Ce week-end, le Journal du Dimanche a annoncé, de source gouvernementale, un nouveau confinement à venir dès cette semaine, une information contredite dans la journée par le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Lundi, l'exécutif a semblé retropédaler encore plus, indiquant qu'aucune allocution d'Emmanuel Macron n'était prévue dans les prochains jours, malgré les injonctions du corps scientifique qui demande des actions pour circonscrire le Covid-19 en France.
Si le gouvernement semble vouloir se laisser le temps de la réflexion, et de l'étude de l'efficacité du couvre-feu généralisé à 18h, avant de prendre une décision au fort coût économique et social, les Français restent dans l'incertitude, notamment sur la forme que pourrait prendre ce nouveau confinement. En réalité, plusieurs options et alternatives s'offrent au gouvernement si un nouveau confinement national n'est pas décidé.
· Un statu quo
"Faut-il rester comme maintenant? Tout pousse à ne pas le faire." Invité dimanche sur BFMTV, le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy a tué dans l'oeuf l'idée d'un statu quo dans le pays. Pour l'infectiologue, des mesures plus fortes sont nécessaires afin d'inverser les courbes de contaminations et d'hospitalisations qui semblent remonter ces derniers jours.
Pourtant, selon nos informations, le seul maintien d'un couvre-feu à 18h pour l'ensemble du pays, à condition qu'il soit accompagné de résultats probants, fait encore partie des pistes considérées par l'exécutif. En fin de semaine, quinze jours après la mise en place de ce couvre-feu national, les premiers effets sur l'épidémie de ce dispositif seront connus.
S'il le statu quo venait à être l'option retenue, elle irait radicalement à contre-courant des demandes du monde scientifique, à l'image du professeur Renaud Piarroux, chef de service de parasitologie-mycologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), qui appelait lundi sur BFMTV à reconfiner "dès maintenant, avant que les hôpitaux ne soient engorgés."
· Une adaptation des vacances scolaires
Parmi les autres possibilités qui peuvent être étudiées par l'exécutif, celle d'une adaptation des vacances scolaires de février. Là encore, l'hypothèse a été soulevée sur notre antenne dimanche par Jean-François Delfraissy, et la question devrait être abordée lors d'un nouveau Conseil scientifique qui doit se tenir ce mercredi.
Dans l'idée, cet aménagement pourrait prendre la forme d'un allongement ou d'un regroupement des congés des zones A, B et C afin de réduire la présence à l'école, de limiter les interactions sociales, et de "se retrouver début mars dans de meilleures conditions pour rouvrir les écoles et surtout les surveiller", a précisé l'infectiologue dans les colonnes de Libération.
Là encore, cette épineuse décision, qui pose de nombreuses questions d'organisation, revient au gouvernement. La semaine dernière, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer avait semblé peu convaincu par cette option, assurant que les vacances avaient "vocation à être aux dates prévues".
Pour l'instant, la propagation du coronavirus dans les écoles demeure "sur une sorte de plateau", avait-il indiqué vendredi sur RTL, avant d'assurer qu'il peut y avoir de la contamination, mais qu'elle reste "limitée par rapport à la situation générale". De leur côté, les associations de parents d'élèves appellent à "envisager toutes les situations."
· Un auto-confinement des personnes âgées
L'idée avancée par Jean-Claude Delfraissy a fait bondir. Toujours sur BFMTV, le président du Conseil scientifique a suggéré la possibilité pour les personnes les plus fragiles de s'auto-confiner, au moins pour les prochaines semaines qui s'annoncent compliquées. Dans sa démarche, il a été rejoint par l'infectiologue Odile Launay, membre du comité vaccin Covid-19.
Dans les colonnes de Libération, le président du Conseil scientifique précise d'ailleurs sa pensée, et retropédale, estimant qu'une telle décision ne serait pas suffisante.
"Néanmoins, je ne crois pas qu’un auto-isolement des personnes les plus fragiles serait suffisant. C’est impératif de faire cette recommandation, il faut qu’elles se protègent, en particulier chez elles avec des mesures barrières strictes vis-à-vis des visiteurs. Mais pour limiter la circulation des nouveaux variants, il faut prendre d’autres mesures", assure-t-il.
· Un reconfinement local
Enfin, parmi les différentes options possibles pour le gouvernement, celle d'un reconfinement local, qui concernerait uniquement les régions les plus touchées par le coronavirus et instables. Dans son dernier avis, le Conseil scientifique évoquait "un confinement dans certaines régions ou métropoles plus à risque avec une restriction des déplacements inter-régionaux."
Le gouvernement pourrait-il alors, à l'image de ce qui a été fait avec le couvre-feu, instauré en premier lieu dans certains départements, reconfiner uniquement les zones les plus touchées par le Covid-19? Là encore, la question devrait être étudiée lors du prochain Conseil scientifique.
L'idée n'est d'ailleurs pas nouvelle. Fin 2020, plusieurs personnalités politiques soulignaient que la situation sanitaire de plusieurs régions exigeait une réponse ferme et rapide. Mathieu Klein, maire de Nancy, avait ainsi expliqué qu'un reconfinement local était inéluctable.