Réouvertures dès la "mi-mai": l'horizon fixé par Emmanuel Macron est-il réaliste?

Une nouvelle perspective de sortie de crise pour les Français? Mercredi soir, lors de son allocution, Emmanuel Macron a dans un premier temps annoncé de nouvelles mesures restrictives afin de lutter contre la propagation du Covid-19, dont la fermeture des écoles pour les semaines à venir.
Pour autant, le président de la République a également évoqué la possibilité de la réouverture "à partir de mi-mai" des "lieux de rencontre, de culture, les restaurants, les cafés." En réalité, en ce qui concerne les restaurants, seuls les établissements équipés de terrasses pourront sous certaines conditions de nouveau accueillir du public à cette date.
Un planning "illusoire"
Alors que l'exécutif avait déjà évoqué des possibles relâchements à la mi-avril, les Français doutent de plus en plus de la faisabilité d'une telle annonce et d'un retour à la normale dans les mois à venir. De leur côté, les scientifiques émettent également certains doutes quant à l'horizon de mi-mai, d'autant que certains d'entre eux soulignent la légéreté des mesures annoncées par le chef d'État.
Contactée par BFMTV.com, l'épidémiologiste et biostatisticienne Catherine Hill tacle violemment l'exécutif, évoquant un planning "illusoire."
"On va droit dans le mur et on va continuer à y aller ces mesures sont vraiment insuffisantes. Mi-mai c'est dans très très peu de temps, dans six semaines, si la situation n'est pas pire qu'aujourd'hui ce sera déjà très bien", affirme-t-elle.
"Si l'objectif est le zéro Covid, ça ne suffira pas"
Interrogé sur BFMTV ce jeudi matin, l'épidémiologiste Pascal Crepey estime qu'il est "très difficile" de répondre à cette question. "Pour l'instant, on ne connaît pas encore le niveau d'efficacité de ces mesures, on ne peut pas estimer la pente de la courbe de la descente, s'il y a bien une pente, mais on espère que ces mesures seront suffisantes pour enrayer la dynamique épidémique", détaille-t-il.
Mais surtout, celui qui est également enseignant-chercheur à l’École des hautes études en santé publique de Rennes, rappelle que le gouvernement n'a pas donné "d'objectif en terme de circulation virale."
"Si l'objectif est le zéro Covid, alors cela ne suffira pas, mais si l'objectif est de retrouver une situation qui permet de gérer et de rouvrir les différents commerces, alors peut-être, mais il faudra avancer sur la vaccination."
Dans sa réflexion, il est rejoint par Philippe Froguel, généticien au CHU de Lille et à l’Imperial College de Londres qui pense que la sortie de crise ne se fera "probablement pas" de manière rapide.
"Le président a annoncé 10.000 lits de réanimation en tout, ce qui veut dire qu'il n'attend pas des résultats rapides. Le pari, c'est de vacciner rapidement et qu'on ait une situation avec de bien meilleurs chiffres en juin et juillet. Le grand espoir, c'est que la vaccination se passe comme l'a dit le gouvernement", a-t-il fait valoir sur BFMTV, soulignant que pour que le "pari" du gouvernement soit tenu, il fallait vacciner "500.000 personnes par jour."
Le climat, un allié de poids?
Finalement, les experts estiment que le climat pourrait être un allié de l'exécutif dans sa volonté de rouvrir certains lieux culturels et terrasses en mai.
"Ce sur quoi il compte c'est l'effet climatique. Il y a une saisonnalité dans la transmission du virus. On compte sur le printemps et l'été pour aider au-delà de la vaccination. On ne parle pas d'un déconfinement complet en mai, mais d'un léger relâchement pour des activités à moindres risques de contamination", conclut Pascal Crepey.