Mort de Naomi Musenga: "Je sais que la procédure normale n'a pas été suivie", assure Agnès Buzyn

Agnès Buzyn sur BFMTV, mercredi 9 mai 2018 - Capture d'écran BFMTV
"La procédure normale n'a pas été suivie" le jour où Naomi Musenga, 22 ans, est décédée après avoir appelé le Samu de Strasbourg. C'est ce qu'affirme la ministre de la Santé Agnès Buzyn ce mercredi sur BFMTV.
La jeune maman a appelé les secours le 29 décembre dernier. Lors de la conversation, rendue publique, elle assure à l'opératrice qu'elle "va mourir". Juste avant, on entend l'agente la railler avec une femme du Centre de traitement des alertes des pompiers du Bas-Rhin. L'appel ne sera jamais transféré au médecin régulateur et Naomi décédera quelques heures plus tard:
"Je sais que les procédures (...) disent que tout appel téléphonique, dès qu'il y a un doute médical, doivent être transférés à un médecin régulateur", explique Agnès Buzyn. "Or cette opératrice a raccroché. Je sais déjà en tant que ministre et en tant que citoyenne que la procédure normale de traitement d'appel n'a pas été suivie."
Plusieurs questions soulevées
L'opératrice qui a pris cet appel a été suspendue. Et alors que les manques de moyen des urgences, toujours plus sollicitées (25 millions d'appel au Samu par an) sont pointés du doigt. Agnès Buzyn estime qu'il s'agit d'une question 'totalement légitime", mais elle évoque un autre problème:
"Ce qu'on entend dans cet entretien téléphonique, ce n'est pas une question de moyen, c'est une question de formation, d'empathie, d'écoute. C'est une question de recrutement d'une personne."
De fait, l'une des questions posées à l'inspection générale concerne la manière dont les "opérateurs sont recrutés, comment ils sont formés, et en particulier celle-ci." Les urgentistes sont par ailleurs convoqués au ministère de la Santé lundi pour "faire un point des dysfonctionnement qui peuvent exister dans les autre services."
Un rapport demandé sur la régulation des appels
L'enquête devra déterminer s'il y a "des éléments qui font penser que ce jour-là le Samu était totalement débordé, bien au-delà de la normale":
"Plus généralement, la question des moyens des urgence a été posée cet hiver (...), de l'organisation des urgences qui sont de plus en plus sollicitées par les Français. Et il y a une question d'organisation au moins autant que celle des moyens: beaucoup de personnes qui vont aux urgences aujourd'hui ne devraient pas y aller, et beaucoup d'appels par exemple sont des blagues."
Une enquête a été ouverte par le procureur de Strasbourg. Agnès Buzyn indique par ailleurs qu'un rapport de l'inspection générale des affaires sociales est attendu. Elle rappelle également qu'elle a demandé un rapport à l'automne dernier sur la régulation du Samu. Il lui sera remis avant l'été. "Il va falloir organiser cela pour être à la hauteur des attentes des français (...) Nous ne pouvons prendre aucun risque de ce type-là. C'est absolument dramatique."