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Mort d'Émilie Dequenne: qu'est-ce que le corticosurrénalome, ce cancer rare qui a tué l'actrice?

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L'actrice belge est décédée des suites d'un cancer des glandes surrénales à l'âge de 43 ans. Une maladie rare dont les causes sont inconnues.

La "lutte acharnée" qu'elle a menée pendant plusieurs mois n'a pas suffi. L'actrice belge Émilie Dequenne est morte ce dimanche 16 mars à l'âge de 43 ans des suites d'un cancer rare. Elle avait révélé en octobre 2023 être atteinte d'un corticosurrénalome, un cancer des glandes surrénales, diagnostiqué deux mois auparavant, et qui la tenait éloignée des plateaux de tournage.

Après une rémission de la maladie, celle qui avait été révélée dans Rosetta des frères Dardenne avait annoncé une récidive en décembre dernier. "Il y a une partie de mon cancer qui répond, une autre qui ne répond pas, voire qui progresse. La partie qui progresse est plus grande que celle qui réduit", confiait-elle alors sur TF1.

Émilie Dequenne le 26 mai 2023.
Émilie Dequenne le 26 mai 2023. © Patricia DE MELO MOREIRA / AFP

"Au fond de moi, je sais pertinemment que je ne vivrai pas aussi longtemps que prévu. (...) Je n'ai que 43 ans. Moi, j'ai toujours rêvé de vivre jusqu'à au moins 80 ans et m'endormir définitivement dans mon sommeil. Ça, c'est ce que je demande", avait-elle ajouté.

Une à deux personnes concernées par million

Un corticosurrénalome est un type de cancer qui touche les glandes surrénales. Ces glandes se situent juste au-dessus des reins. Elles mesurent deux à quatre centimètres de longueur et comprennent deux parties: une partie externe, appelée cortex ou corticosurrénale, et une partie interne, appelée médullaire ou médullosurrénale.

Les glandes surrénales sont situées au-dessus des reins.
Les glandes surrénales sont situées au-dessus des reins. © Centre Gustave Roussy

Ces glandes font partie du système endocrinien et sont responsables de la sécretion de nombreuses hormones. La partie externe sécrète dans le sang des hormones comme le cortisol, notamment connue pour aider le corps à gérer le stress, l'aldostérone, qui aide les reins à réguler la quantité de sel dans le corps, et une partie des hormones sexuelles, androgènes et estrogènes.

La partie interne des glandes sécrète quant à elle de l’adrénaline et de la noradrénaline, toutes deux responsables de la réaction du corps face au stress.

Le cancer des glandes surrénales survient quand une tumeur maligne se développe au niveau des cellules d'une des glandes surrénales. Il en existe deux principales sortes: le phéochromocytome, qui prend naissance dans la partie interne de la glande surrénale, et le corticosurrénalome, qui se développe dans le cortex de la glande.

C'est de cette deuxième sorte dont était atteinte Émilie Dequenne et qui est le plus courant des cancers de la glande surrénale, lui même très rare. Seule une à deux personnes par million d'habitants développent cette maladie en France chaque année, soit 65 à 130 personnes par an, selon le centre de traitement du cancer Gustave Roussy situé dans le Val-de-Marne.

Des tumeurs plus souvent observées chez les femmes

"Elle survient le plus souvent chez l’adulte entre 40 et 50 ans mais également chez l’enfant de moins de 15 ans. Cette tumeur est plus souvent observée chez la femme que chez l'homme, sans qu’on en connaisse la raison", précise le centre de traitement dans un livret distribué aux patients concernés. Les causes de cette maladie sont inconnues à ce stade, mais elle est "dans des cas exceptionnels" associée à certaines maladies génétiques.

Les symptômes de ce cancer sont liés dans la majorité des cas à une production excessive d'hormones, mais peuvent aussi résulter au contraire d'une production insuffisante d'hormones. Ils varient en fontion des patients, de leur maladie et de l'hormone affectée.

Ils peuvent prendre la forme d'une hypertension artérielle, d'une prise de poids inexplicable, d'une faiblesse musculaire, d'une virilisation chez les femmes, de troubles de l'humeur, ou d'une hypoglycémie, liste le centre de cancérologie Les Dentellières de Valenciennes (Nord).

"Ces signes cliniques ne sont pas spécifiques au cancer de la glande surrénale et peuvent tout à fait trouver leur origine dans un autre trouble de santé", précise l'établissement, qui conseille de consulter si ces symptômes persistent ou s'aggravent.
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Le centre Gustave Roussy explique aussi qu'au-delà de ces symptômes liés à des troubles hormonaux, il existe d'autres signes qui permettent de détecter ce cancer, comme la perception d'une masse au niveau de l'abdomen, ou des douleurs dans cette zone, des nausées, ou des vomissements.

"Chaque étape est une expérience difficile"

Diagnostiquée en milieu d'année 2023, Émilie Dequenne a d'abord subi une opération avant de suivre plusieurs traitements et chimiothérapies. Dans les cas où la tumeur ne présente pas de métastases, c'est-à-dire une propagation du cancer dans d'autres parties du corps, la chirurgie est "le premier traitement de référence à être proposé", selon le centre Les Dentellières.

Mais d'autres traitements peuvent aussi être proposés, en fonction de l'évolution de la maladie et de l'état de santé du patient. La chimiothérapie concerne surtout les cancers "agressifs ou inopérables", précise l'établissement.

L'espérance de vie des patients atteints par cette maladie dépend de plusieurs paramètres parmi lesquels les caractéristiques de la tumeur, le stade d'avancement de la maladie, son agressivité et l'efficacité des traitements.

Si la tumeur est complètement retirée par opération chirurgicale, "les chances de survie à cinq ans sont très favorables", écrit l'établissement nordiste. En cas de métastases, "le pronostic est généralement plus sombre". La société canadienne du cancer estime de son coté que les chances de survie à 5 ans varient entre 38 et 73% selon le grade et le stade du cancer.

Dans tous les cas, "le corticosurrénalome change profondément la vie de la personne qui en est atteinte", prévient le centre Gustave Roussy. "Chaque étape de la maladie est une expérience difficile".

Emilie Roussey