Mort d'Émilie Dequenne: "Rosetta", "À perdre la raison"... Ses cinq rôles les plus marquants au cinéma

L'actrice belge, emportée par un cancer de la glande surrénale à l'âge de 43 ans, a mené une carrière au pas de course qui lui a valu certaines des récompenses les plus prestigieuses.

L'actrice belge Émilie Dequenne est morte dimanche 17 mars en région parisienne, à 43 ans, des suites d'un cancer rare de la glande surrénale qu'elle combattait depuis près de deux ans. Laissant derrière elle un monde du cinéma sous le choc et une filmographie riche de près de 50 films, qui lui a valu certains des plus grands honneurs du 7e art français.

Sa toute première apparition à l'écran, à l'âge de 18 ans, a donné le ton: Rosetta des frères Dardenne lui a valu le prix d'interprétation féminine au Festival de Cannes 1999, où il a également remporté la Palme d'or. S'en est suivie une carrière menée au pas de course. Retour sur certains de ses rôles les plus marquants.

• Rosetta, de Jean-Pierre et Luc Dardenne (1999)

Ce drame met en scène Émilie Dequenne dans la peau du personnage-titre, une adolescente qui perd son emploi en usine et lutte pour en retrouver un. Un film sur la misère sociale et la précarité dans lequel elle crevait l'écran, devenant instantanément un jeune espoir du cinéma francophone.

• La Fille du RER, d'André Téchiné (2009)

Émilie Dequenne donne la réplique à Catherine Deneuve, Michel Blanc et Nicolas Duvauchelle dans ce film inspiré de l'affaire retentissante de la fausse agression antisémite du RER D en 2004. L'actrice campe le rôle de celle qui a inventé cette attaque, provoquant un emballement médiatique; le film dépeint les conséquences de son mensonge dans sa vie personnelle. Il lui a valu le Swann d'Or de la meilleure actrice au Festival de Cabourg.

• À perdre la raison, de Joachim Lafosse (2012)

Second prix d'interprétation d'Émilie Dequenne à Cannes, cette fois dans la section Un certain regard, À perdre la raison s'inspire librement d'un fait-divers qui a choqué la Belgique: le quintuple infanticide commis par Geneviève Lhermitte en 2016.

Émilie Dequenne y campe Murielle, une femme prise dans un quotidien de plus en plus étouffant entre son époux Mounir (Tahar Rahim), le tuteur de ce dernier (Niels Arestrup) et leur famille nombreuse.

• Chez nous, de Lucas Belvaux (2017)

Dans ce drame politique, Émilie Dequenne incarne Pauline, une infirmière à domicile dans le Pas-de-Calais, prise dans le giron de l'extrême droite par naïveté. Confrontée à la misère sociale, elle se laisse convaincre de se présenter aux élections municipales sous la bannière du Rassemblement national populaire, un mouvement fictif inspiré du Rassemblement national.

Elle découvre sur le tas des coulisses nauséabondes et voit sa vie personnelle transformée, certains de ses proches dévoilant leurs opinions racistes et d'autres lui tournant le dos.

• Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait, d'Emmanuel Mouret (2020)

Après quatre nominations malheureuses, c'est ce film qui a valu à Émilie Dequenne de décrocher enfin un César, en 2021, dans la catégorie meilleur second rôle. Elle y campe Louise, une femme trompée, qui fait croire à son mari qu'elle le quitte pour un autre dans l'espoir de le rendre loyal. Une prestation que Le Monde avait qualifiée d'"époustouflante".

Émilie Dequenne avait révélé en octobre 2023 être atteinte d'un corticosurrénalome (cancer du système endocrinien), diagnostiqué deux mois auparavant et qui la tenait éloignée des plateaux de tournage depuis.

Après une période de rémission, elle a confié en décembre dernier qu'elle combattait une maladie de plus en plus agressive, qui ferait qu'elle ne vivrait "pas aussi longtemps que prévu". Quelques semaines plus tard, elle avait annoncé avoir repris la chimiothérapie. Avant sa mort, elle avait passé plusieurs jours en soins palliatifs à l'hôpital Gustave Roussy.

https://twitter.com/b_pierret Benjamin Pierret Journaliste culture et people BFMTV