Le variant britannique du Covid-19 suspecté dans 33% des cas en Bretagne: comment expliquer ce chiffre?

Une chercheuse montre sur un ordinateur des résultats partiels du séquençage du génome du Sars-CoV-2 et de ses variants, le 21 janvier 2021 à l'Institut Pasteur à Paris - Christophe ARCHAMBAULT © 2019 AFP
Selon les résultats préliminaires de la deuxième enquête flash effectuée par Santé Publique France le 27 janvier et dévoilés ce mercredi, les variants représentent désormais 14% des cas positifs en France. En Bretagne, la situation serait encore plus alarmante: le taux de variants parmi les tests positifs s'y élèverait à 33,6%, soit plus d'une personne sur quatre. Ce chiffre est cependant à prendre avec beaucoup de précaution, explique à BFMTV.com Stéphane Mulliez, directeur de l'ARS Bretagne.
"Des chiffres à prendre avec précautions"
"Nous avons aujourd'hui 32 cas de patients contaminés par un variant, confirmés par un séquençage", explique Stéphane Mulliez. Et de poursuivre: "l'enquête flash de Santé publique France nous alerte sur 46 suspicions de cas supplémentaires. Mais à ce stade, cela est à prendre avec grande précaution."
En effet, comme le précise Santé publique France, ces 46 cas ont été comptabilisés grâce à des tests PCR spécifiques, mais les opérations de séquençage sont encore en cours et ils pourront faire évoluer le pourcentage final.
Par ailleurs, ce chiffre est à nuancer en raison du taux d'incidence sur place. "Notre taux d'incidence reste plutôt faible par rapport à la moyenne nationale, avec 114 contre 215", rappelle-t-il. "Par rapport à une région où le taux d'incidence serait plus élevé, même si le variant évolue de la même façon, il y aura un pourcentage de personnes contaminées au variant plus élevé dans la première."
Un cluster pris en compte?
Comme le souligne Le Télégramme, le pourcentage breton pourrait aussi être faussé par un cluster inclus dans les résultats comptabilisés.
"Ce mercredi-là, nous avons traité des échantillons de Vannes, Quimper, Saint-Brieuc, Lorient. Pour ceux-là, il n’y avait pas du tout de variant. En revanche, le pourcentage a été complètement biaisé par les résultats de Rennes", explique au quotidien Vincent Thibault, chef du département de virologie de l'hôpital de la ville. L'établissement a reçu ce jour-là "beaucoup de prélèvements" venus d'un centre de gériatrie, identifié comme cluster au variant britannique. "L'échantillon était donc loin d'être représentatif de la situation réelle", affirme le médecin.
"Nous sommes en train de vérifier cette hypothèse", explique de son côté Stéphane Mulliez, de l'ARS. "Mais on voit ici les limites de cette enquête flash, qui ne met un coup de projecteur que sur une seule journée".
Une situation qui reste inquiétante
Néanmoins, la situation reste préoccupante. "Outre la question des variants, on observe effectivement une hausse du taux d'incidence ces dernières semaines", alerte Stéphane Mulliez. "Et cette augmentation se répercute par ailleurs dans le nombre d'hospitalisations. A ce jour, on dénombre 464 personnes hospitalisées en raison d'une contamination au Covid-19, c'est plus que lors de la première et de la deuxième vague."
"Si les suspicions de contaminations au variant anglais se vérifient, corrélées à cette hausse du taux d'incidence, nous aurons une nouvelle preuve que la contagiosité de ces mutations est plus importante", rappelle à BFMTV.com Morgane Bomsel, virologue au CNRS et à l'Institut Cochin. Et la médecin de conclure: "ce qui sera intéressant, ce sera d'avoir les résultats précis des séquençages pour avancer sur l'évolution du virus et ses mutations."
"L'ARS s'est fortement engagé dans la lutte contre les variants", conclut de son côté Stéphane Mulliez, annonçant notamment une vaste camapgne de dépistage à l'université de Rennes.