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"La recommandation ne suffit plus": pourquoi des médecins réclament l'obligation du masque

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Alors que l'exécutif en appelle à la responsabilité de chacun, des médecins mettent en garde. S'il n'est pas porté par tout le monde, les bénéfices du port du masque peuvent se révéler inexistants.

Au sein du gouvernement, le mot d'ordre concernant le port du masque dans les transports est à l'incitation. À chaque prise de parole, les différents membres de l'exécutif invitent unanimement les Français à couvrir leur nez et leur bouche lors de leurs déplacements, mais se refuse pour l'instant à l'imposer sur tout le territoire par la force de la loi.

Encore ce vendredi, le nouveau ministre de la Santé François Braun a demandé aux Français sur France Inter "de mettre le masque dans les trains, dans les bus" en ce week-end de départ en vacances, tout en rejetant son obligation. "Je veux miser sur la responsabilité". Même son de cloche du côté de Clément Beaune, le ministre des Transports, interrogé ce vendredi sur BFMTV-RMC. "Dans les gares, dans les aéroports, on porte le masque", a-t-il martelé. Au point d'en venir à une obligation? "À ce stade, ce n'est pas ce que nous souhaitons", a-t-il évacué.

Des sous-variants beaucoup plus contagieux

Pour certains membres de la communauté scientifique, un tel discours est inadapté face à la situation épidémique actuelle. D'abord, car la France fait face à une puissante 7e vague. En début de semaine, la barre des 200.000 nouveaux cas positifs détectés en 24h a été franchie.

Mais également car les souches BA.4 et BA.5, deux sous-variants d'Omicron, prennent rapidement le dessus dans les enquêtes flashs diligentées par les autorités sanitaires hexagonales. Signe de sa contagiosité, le variant BA.5, qui ne représentait que 18% des cas détectés lors de l'enquête flash menée la semaine du 23 mai en France, se retrouvait dans 41% des cas positifs lors de l'enquête du 7 juin.

"Remplacement progressif de BA.2 par BA.5 dont la détection est en forte hausse", notait le 23 juin Santé Publique France.

Enfin, et surtout, car pour qu'il soit efficace dans un espace clos comme une rame de métro, le masque doit être porté par tout le monde, comme l'a rappelé ce vendredi sur BFMTV l'infectiologue Benjamin Davido.

"La recommandation ne suffit plus, car le masque, c'est la loi du tout ou rien. Si on veut qu'il soit utile, c'est pour réduire la circulation du virus. Mais si une personne sur quatre met le masque, le problème, c'est que la circulation du virus est très forte avec ce variant très contaminant", souligne-t-il.

Une fausse opposition entre vaccination et port du masque

Parmi les Français interrogés par BFMTV, nombreux sont ceux à ne pas juger utile de revêtir le masque lors de leurs déplacements. "Non pas du tout, non, personnellement, je suis vacciné, je suis les recommandations du gouvernement", glisse un voyageur interrogé dans une gare parisienne.

Une façon de penser qui serait due, toujours selon Benjamin Davido, à la communication du gouvernement en la matière. "Il y a une confusion, on oppose le masque à la vaccination. C'est un petit peu ce que le gouvernement a sous-entendu quand on a enlevé le masque, puisqu'on a dit: 'l'épidémie est terminée, tout va bien, enlevez le masque'. Et quelques mois après on leur a dit: 'bon tout va bien, enlevez le masque mais faites vous vacciner'. Et donc cette confusion alimente une certaine défiance envers le masque", argumente-t-il.

Le pic de cette 7e vague est prévu pour la fin du mois de juillet, selon les modèles de prévision qui reposent sur ce qui a été observé au Portugal, pays qui a du faire face à une vague précoce du variant BA.5. Reste à savoir si la ligne actuellement défendue par le gouvernement concernant le port du masque permettra de ne pas engorger le système de santé d'ici à la future décrue. Ce jeudi, Santé Publique France a fait état de 161.265 nouveaux cas, soit une augmentation de 20,9% sur 7 jours.

Jules Fresard