Aisne: un lien "biologique" confirmé entre les intoxications alimentaires et les boucheries fermées

L'une des boucheries fermées temporairement à Saint-Quentin, dans l'Aisne, le 23 juin 2025. - FRANCOIS NASCIMBENI © 2019 AFP
Les habitants de Saint-Quentin ont finalement une réponse. La vague d'intoxications à la bactérie E.coli dont est morte une enfant mi-juin a bel est bel et bien en lien avec la viande commercialisée dans des boucheries de cette commune de l'Aisne, selon les résultats du séquençage du génome dévoilés par l'Agence régionale de Santé des Hauts-de-France et la préfecture ce mercredi 2 juillet.
Les résultats "apportent la preuve irréfutable d’une correspondance entre les bactéries retrouvées au sein de plusieurs des boucheries ou de la viande qu’elles ont commercialisée et les bactéries retrouvées sur plusieurs malades", affirment l'ARS et la préfecture. Ce séquençage avait pour but de déterminer que les victimes avaient été contaminées avec la même bactérie, qui était celle prélevée dans plusieurs boucheries de la ville.
30 cas d'intoxication ont été recensés depuis mi-juin. Parmi les 30 cas figurent une personne âgée de 73 ans et 29 enfants, dont Elise, décédée le 16 juin à 11 ans. La procureure de Paris, en charge de l'enquête, a précisé mardi que le plus jeune enfant touché était un bébé de 11 mois de sexe féminin.
Cinq points de vente identifiés
Le parquet de Saint-Quentin, qui avait ouvert une enquête préliminaire des chefs d'homicide involontaire, blessures involontaires, mise en danger et tromperie aggravée par la mise en danger de la santé humaine, s'est dessaisi le 25 juin au profit du pôle de santé publique du parquet de Paris, au regard du nombre des victimes et de la complexité des investigations.
Les entretiens réalisés par les autorités sanitaires avaient permis "d’identifier rapidement la consommation de viande comme point commun entre les différents malades, et de recenser les lieux d’approvisionnement des aliments consommés", explique la préfecture dans un communiqué. Les investigations ont identifié quatre boucheries de Saint-Quentin, ainsi que le rayon boucherie d'un supermarché, ayant possiblement vendu de la viande contaminée à l'E.Coli.
"La mise en évidence de points communs de consommation entre les malades ainsi que l’absence de nouveaux cas avec symptômes récents depuis plusieurs jours ont conforté les sources de contamination ciblées", développe la préfecture dans son communiqué. "Les résultats du séquençage génomique viennent confirmer le lien biologique formel de contamination entre les lieux d’approvisionnement et les malades", ajoute-t-elle. Les boucheries concernées ont été administrativement fermées entre le 19 et le 22 juin.
L'état de santé des victimes "s'améliore"
La préfecture et l'ARS préconisent à toutes les personnes ayant acheté des produits des boucheries concernées de les jeter et de nettoyer leur réfrigérateur. "Si vous ou vos enfants avez consommé des denrées issues de ces établissements, surveillez votre état de santé", préconisent aussi les autorités, et "faites le 15 sans attendre en cas de diarrhées glairo-sanglantes". "Si vous ou vos enfants n’avez aucun symptôme, il n’est pas nécessaire de contacter ou de consulter un médecin, ni d’appeler le 15", ajoutent-elles.
"L'état de santé de toutes les personnes contaminées s'améliore", a assuré la préfecture de l'Aisne mardi soir. "Quatre sont encore hospitalisées et plus aucune n'est dialysée", a ajouté la préfecture dans un communiqué.
Deux enquêtes, une de santé dite épidémiologique et une judiciaire, sont menées parallèlement et vont "avoir des ponts entre elles", a expliqué la procureure de Paris, Laure Beccuau, ce mardi. Elle n'a pas exclu d'autres cas, si des personnes décongèlent et consomment de la viande achetée précédemment, en précisant que le temps "de développement et d'apparition des symptômes est entre 10 et 15 jours".
La procureure a souligné que les deux derniers cas étaient liés à "de la contamination secondaire, par les mains. C'est-à-dire qu'une personne contaminée a dû (...) sortir des toilettes sans bien se laver les mains, et tenir les mains d'une autre personne qui du coup va être contaminée".