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Santé

Une enfant morte, piste E.coli, boucheries fermées: ce que l'on sait sur les 18 intoxications alimentaires dans l'Aisne

L'hôpital Jeanne de Flandre à Lille, le 17 juin 2011

L'hôpital Jeanne de Flandre à Lille, le 17 juin 2011 - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Une enfant de 12 ans est morte après une grave intoxication alimentaire à Saint-Quentin, dans l'Aisne, le 16 juin dernier. Depuis, une dizaine de cas d'enfants malades ont été détectés dans la région.

Un nombre de victimes qui continue de grimper. 18 cas d'intoxications alimentaires sévères d'enfants sont désormais recensés dans l'Aisne, a indiqué le ministre de la Santé Yannick Neuder dimanche 22 juin lors d'un point-presse devant l'hôpital de Saint-Quentin. Parmi eux, une enfant de 12 ans qui est décédée.

• Plusieurs cas détectés dans l'Aisne, une enfant morte

Mercredi 18 juin, la préfecture annonce que sept cas d'intoxications alimentaires sévères ont été recensés dans une même zone comprenant la ville de Saint-Quentin et ses environs.

Parmi ces cas, on compte une enfant de 12 ans qui a contracté un syndrome hémolytique et urémique (SHU) et n'a pas survécu. Selon Santé publique France, il s'agit d'une "complication principalement rénale des infections à Escherichia coli (E. coli) (...) dont la transmission peut se faire par les aliments, un environnement contaminé, une transmission de personne à personne…". Ces cas sont "rares, mais graves", avec "100 à 160 cas" recensés par an.

Les six autres enfants infectés présentaient une symptomatologie digestive sévère, soit des diarrhées sanglantes, dont trois ont développé un syndrome hémolytique et urémique. Le nombre de cas signalés augmente dans les jours qui suivent jusqu'à atteindre 18 cas dimanche soir.

• Des boucheries fermées

Par prévention, les autorités ont ordonné la fermeture de plusieurs établissements susceptibles d'être liés à ces intoxications alimentaires. Quatre boucheries ainsi que deux rayons de supermarchés, tous situés dans l'agglomération de Saint-Quentin, ont été fermés jusqu'à présent.

Des prélèvements ont par ailleurs été effectués dans ces établissements afin de tenter de déterminer l'origine de ces intoxications alimentaires.

La décision de suspendre ces boucheries "est prise sur la base des investigations conduites sur les consommations de chacune des personnes intoxiquées", a expliqué la préfecture, soulignant qu'"à ce stade, la cause la plus probable de la contamination est la consommation de viande".

La réouverture de ces établissements sera "conditionnée aux résultats des investigations et à l’évolution rassurante de la situation épidémiologique".

• Des enfants âgés d'un an et demi à 13 ans

Selon le dernier bilan, daté de dimanche, 18 enfants ont été contaminés. Parmi eux, 8 sont toujours hospitalisés à Lille, Saint-Quentin, Reims et Amiens, dont 6 sont sous dialyse en raison d'un syndrome hémolytique et urémique.

Les enfants actuellement sous dialyse sont âgés "d'un an et demi jusqu'à 12-13 ans à peu près", a indiqué le ministre Yannick Neuder.

Plusieurs enfants ont vu leur état de santé aller en progressant, "après réhydratation", "identification de la bactérie" et ont pu "retourner à leur domicile et mener une vie normale", indique le ministre de la Santé.

• La piste E.coli à l'origine des contaminations

Les 18 enfants malades recensés ont "contracté une bactérie qui s'appelle un Escherichia coli", a annoncé dimanche le ministre de la Santé.

La bactérie est "naturellement présente dans notre microflore digestive" et "la plupart" de ses souches sont "sans danger" pour l'Homme, selon l'Anses. Pour autant, certaines souches "peuvent être à l’origine d’infections ou porter des gènes de résistance aux antibiotiques", dont les E. coli.

L'origine exacte des contaminations n'est toujours pas connue. Mais les autorités sanitaires estiment, après une première série d'analyses, qu'il s'agit "probablement d'une infection alimentaire sur de la viande à l'origine". Un "deuxième type d'analyses" doit être effectué cette semaine à l'Institut Pasteur "pour pouvoir poursuivre les investigations et créer le lien de causalité", a indiqué Yannick Neuder, alors que les boucheries identifiées n'ont pas de fournisseur commun, a indiqué la préfecture à l'Agence France-presse (AFP).

• Appel à la prudence

En raison de ces contaminations, l'Agence régionale de Santé des Hauts-de-France a appelé le 20 juin, dans son dernier bulletin, à "ne plus consommer les denrées achetées" dans les boucheries fermées "par précaution".

"L'idée, ce n'est pas du tout d'entraîner la psychose", souligne toutefois le ministre de la Santé. Il est toujours possible de "manger de la viande. Ce n'est pas le sujet", assure-t-il.

Les denrées ont été retirées de la vente dans les établissements concernés et un rappel a également été effectué concernant tous les produits vendus depuis le 1er juin, selon l'ARS.

Pour les clients ayant consommé de la viande issue des établissements fermés administrativement, dont la boucherie La Direction, boulevard Henri Martin, et la boucherie Family, 3 bis boulevard Gambetta, toutes deux à Saint-Quentin, il est conseillé de surveiller l'apparition de symptômes. "Si vous constatez que votre enfant présente des diarrhées sanglantes faites le 15", recommande aussi l'ARS qui rappelle qu'il est essentiel de se laver les mains avant chaque repas, de laver soigneusement légumes et fruits et de bien cuire les viandes à coeur pour éviter les contaminations.

Juliette Desmonceaux avec AFP