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Covid-19: pourquoi le masque nasal pendant les repas ne constitue pas une protection suffisante

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Des images d'un masque nasal, créé par des chercheurs mexicains et censé protéger du Covid-19 au moment du repas, sont diffusées depuis quelques jours. Si l'initiative ne semble pas forcément être une mauvaise idée, il est important de noter que le nez n'est pas la seule entrée du virus, et qu'il ne s'agit en aucun cas d'une protection suffisante.

"Un masque nasal unique en son genre". Des chercheurs mexicains de l'Institut polytechnique national ont diffusé début mars des images présentant un nouveau type de masque de protection contre le Covid-19 ne recouvrant que le nez, et donc pas la bouche. Il serait à utiliser pendant les repas, ou pour boire, afin de toujours conserver une protection, même minime.

"Il s'agit d'un masque nasal unique en son genre, qui contribuera à réduire les infections par le coronavirus SARS-CoV-2 - dont le principal chemin d'entrée dans le corps est par voie aérienne", écrivent les chercheurs dans un communiqué. Ils préviennent toutefois que cet outil, "ne vise pas à remplacer le masque, mais plutôt à renforcer les mesures visant à prendre soin de sa santé lors d'activités quotidiennes nécessitant de l'enlever, comme manger, boire ou bien lors d'une consultation chez le dentiste".

Contaminations pendant les repas

L'idée est donc de limiter la propagation du Covid-19 dans certaines situations seulement, le port du masque total étant préconisé le reste du temps. Il est d'ailleurs précisé dans le document que ce masque peut se placer sous le masque classique, recouvrant tout le bas du visage.

Plusieurs études ont en effet montré que le coronavirus pouvait rapidement se propager au cours d'un repas.

"Les repas jouent un rôle central dans ces contaminations, que ce soit en milieu familial (35% des cas hors repas de Noël), amical (42%), ou à moindre degré professionnel (15%)", écrivent les chercheurs de l'Institut Pasteur dans la dernière étude ComCor. "Le problème pendant cette pause déjeuner c’est qu’on abolit deux gestes barrières fondamentaux: la distanciation sociale et le port du masque" expliquait en octobre à BFMTV.com l’épidémiologiste Alexis Hautemanière, au sujet des déjeuners au travail.

Il y a environ un an, des masques similaires avaient été dévoilés en Chine, à destination du personnel soignant avec pour même but d'améliorer la protection des personnes dans les moments de retrait du masque.

"La transmission ne se fait pas uniquement par le nez"

Mais le nez n'est pas la seule entrée pour le SARS-CoV-2. "Il faut rappeler que la transmission du SARS-CoV-2 par gouttelettes ne se fait pas uniquement par le nez mais également par la bouche - postillons en mangeant, en toussant ou en parlant par exemple - à la fois de la part de la personne contaminante mais également pour celle qui se contamine", explique à BFMTV.com un médecin infectiologue à l'hôpital Cochin (Paris).

Il souligne également que d'autres "muqueuses comme les yeux peuvent également être une porte d'entrée du virus pour la personne qui se trouverait face à un sujet contaminé qui n'aurait pas de masque couvrant sa bouche".

La transmission du SARS-CoV-2 "se fait essentiellement par voie aérienne (gouttelettes de postillons émises au cours des efforts de toux mais aussi lors de la parole) et passe par un contact rapproché (moins d'un mètre) et durable (au moins 15 minutes) avec un sujet contagieux", explique également l'Institut Pasteur. "Des particules de plus petite taille peuvent aussi être émises sous formes d'aérosols au cours de la parole, ce qui expliquerait que le virus puisse persister en suspension dans l'air dans une pièce non ventilée "et "justifie dans ces circonstances le port du masque".

Attention à la fausse impression de protection

L'effet réel de ce masque sur la transmission n'est pas avéré, et quand bien même il aurait une incidence, il reste donc primordial de continuer à respecter la distanciation sociale et les gestes barrières en cas de repas avec d'autres personnes: ne pas partager les mêmes couverts ou plats, se tenir à distance, aérér la pièce ou encore ne pas se retrouver en grand nombre.

"L'utilisation pourrait s'avérer dangereuse selon mon point de vue car contre productive dans la mesure où ceux qui le portent pourraient se sentir faussement protégés", alerte l'infectiologue parisien.

Les recommandations concernant le port du masque restent pour le moment inchangées. L'Organisation Mondiale de la Santé demande conseille toujours de placer "le masque sur le visage de façon à couvrir le nez, la bouche et le menton, sans laisser d’espace entre le visage et le masque". "Mon masque doit toujours couvrir mon nez, ma bouche et mon menton", écrit également le ministère de la Santé.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV